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La justification du crime du duc de Bourgogne fut ressentie comme un outrage par U parents et les allies de la victune. Une ripostę s’imposait; encore fallait-il attendre que U circonstances le pennettent. Ce fut chose faite lorsąue, en juillet 1408, Jean sans Peur fi contraint de quiner Paris avec son armee pour voler au secours de son beau-frere, l’eveque c Liege, assiege par ses propres sujets dans la vQle de Maastricht. La veuve de Louis d’Orlean Valentine Vi$conti, put faire son entree dans la capttale le 28 aout; appuyee par les princes, el obtint de la reine Isabeau, qui tenait alors les renes du gouvernment, la permission d’organis< une repliąue publiąue au discours prononce par Jean Petit quelques mois auparavant. Le 1 septembre, en la grandę salle du palais du Louvre, devant une assemblee aussi solennelle que I precedente, Thomas Du Bourg, abbe de Cerisy en Normandie, prit la parole et "lut d’un bout Fautre un long et elegant discours qu’il avait mis par ecrit, afin de ne pas en omettre un sei iota" (ore diserto, prolixo quoque processu, et in scriptis\ ne sole iote transgressor existere dec/aravit, perle git eleguanter) (IV, 92)105.
Le discours de Fabbe de Cerisy etait adresse au roi. Ce demier, malade, etait represero comme precedemment par la personne de son fils aine, Louis de Guyenne. Contrairement a porte-parole de Jean sans Peur, Forateur n’a pas juge necessaire de recourir au topos de modestie pour se concilier la faveur de Fauditoire: dans son preambule (erordium: IV, 92), s’est contente de flatter le roi et son "renomme conseil", "fontaine de raison et de verite,,l06t c denoncer la mauvaise foi de la partie adverse et de presenter les principales articulations de sc
meme la simplc existence. On sail pourtant que Michel Pintoin porte une oreiile attenme aux nuneurs et at calomnies qm drculent dans la region pansienne dans les prcmieres annees du XV* siecle. et dont les agents c duc de Bourgogne sont d'actifs pourvoyeurs (voir supray pp. 15 et 32 n. 72). On observe d'autre pan plusicu divergences de dćtail entre le recit du Religieux et sa source prćsumće. que Nordberg attribue, un pc hiuvemem sclon nous. a la negligence du chroniąueur {ibid., p. 91). La chronologie que propose Nordberg < la rćdactkm de la Chroniąue de Charles 17 ne rćsiste pas non plus ż 1'anałyse. surtout a la lumiere des tra\ai les plus reccnis.
105 Monstrelct qui reproduit ce discours dans sa chroniąue. ecrit ąue Torateur lut "les choses contenues en ui Uvtc escript en franęois, a lui baille en sa mąin [...), publiąuement. entendiblement et en hault. mot apres autr (ćd. dtće, L 1, p. 269). Cłcst une ąuestion de savoir pourąuoi les partisans du dćfimt duc d'Orieans ont confie 1’abbe de Cerisy le sotn de refiiter la "Justification" du duc de Bourgogne. On peut d ailleurs se demandcr si s< discours n est pas. comme celui de son adversaire, lc resuJtat d*un travail collectif. Thomas Du Bourg est < tout cas un personnage assez mai connu. Les seuies informations dont oo disposc au sujet de son ćducatic proviennent d un texte ulterieur de Jean Petit: sclon lui, l abbe "ne fit oncąues fiutz d’estude fors ąue ta seulement lirę rng cours de theologie" (cite ibid., p. 229). Bachelier "lisant" en thćologie, Thomas Du Bouj naurait do nc pas obtenu de doctoraL
106 La chroniąue d 'Enguerran de Monstrelet, ćd. citee, L 1. p. 269.