predicateurs111. Comme toujours dans les discours en franęais, les autoritds sont atees dans I langue originale, puis traduites. Les traductions de 1’abbe de Cerisy sont souvent plus litteraJe que celi es de Jean Petit, qui a tendance a paraphraser le texte et a y meler des glosę personnelles. L’abbe, dont 1’une des taches est de refuter les auctoritates alleguees par so adversaire, reproche d’ailleurs a ce deraier de pervertir ses sources Par exemple, dans s premier* ćpftre, saint Pierre a dit (2, 13-15): 'Subditi estote regi tanąuam precellenti, srv ducibus tanquam ab eo missis ad vmdictam malefactorum. laudem vero bonorum, quia sic es voiuntas Dei”. C’est-a-dire, traduit Thomas Du Bourg, "soiez subjetz au Roy comme 1 souverain ou excellent, et aux ducs, comme envoiez par iui a la vengence des malfaicteurs et la louenge des bons, car c’est la voulente de Dieu"112. De son cóte, Jean Petit avait explique
que la voolente de Dieu est quc tous obeissent au Roy comme occcllcnt et souveraiił sagneur sur tous k autres de son royaume. et puis apres aux ducs et autres princes. commes commis et envoiez dc Iui a I vouiente et punicion des malfaicteurs et a la rfmuneration des bons et i la vengence des mauvaisc injures faictes et machinees au Rct> par ses ennemis et malfaicteurs"3.
A propos de cette citation, l’abbe ecrit: "Ainsi doncques appert comment ledit proposant abus de la Saincte Escnpture, en tant qu’il s’efforce par maniere d’argument icelle amener a so propos"114. Pour traduire ce demier passage, Michel Pintoin emploie le verbe sophisticare (IV 108), ce qui rend bien l’idee exprimee par 1’abbe de Cerisy.
Un autre trait distingue le discours de Thomas Du Bourg de la "Justification" de Jea Petit: la presence, dans le premier, de passages ecrits dans un style qu’on pourrait qualifier d "declamatoire". On voit ainsi 1’abbe apostropher de temps a autre la partie adverse, exhorte l’assistance a compatir a sa cause, et s’adresser aux defunts Charles V et Philippe d Bourgogne. Sa conclusion, bien differente de celle de Jean Petit, prend la formę d’un peroraison ou il engage successivement te roi, la reine, les ducs, les nobles, les clercs et enfi 1’ensemble de 1’auditoire, "hommes et femmes, povres et riches, jeunes et vieubc”115, a pleure la disparition tragique de Louis d’Orleans (IV, 126-128). Ailleurs, 1’orateur insere un
I, 1 Le manuei de Robert de Basevom mentionne des auteurs tels que Valere Maxime. Sćnequc. Macrobc voir.
J. Murphy, Rhetoric in the Middle Ages. p. 354.
112 La chrtmiąue d 'Enguerrcm de Monstrelet. ed. citee. t L. p. 298.
1.3 Ibid., p. 207.
1.4 Ibid., p. 299. L’abbe s'exclame un peu plus loin, a propos d’un eiemp/um bibliąue: "O messeigneurs! e quel Irvrc a trouvć le proposant icelle theologie escripte? Certainement je suis esbahy ou il l a trouse, car o est livre au rnonde ou ce soit contenu comme il Ta propose" (ibid., p. 301).
115 Ibid., p. 335. Voir egalement A Cenił le. op. cit., pp. 243-244.