33
Toujours dans Paroles amerikoises, et c’est la l’une des paroles les plus fortes, Shanimen Mestenapeo, une Innue de Natushkuan, dira: «Ma mere mc dit: tu marches comme une Blanche... » Voila qui continue de redefinir les frontieres (mouvantes) actuelles de 1’acculturation en ce qui a trait aux Autochtones du Qućbec.
Depuis l’arrivee des premiers europeens en Amerique, le metissage existe. On ne peut penser a la rencontre des peuples sans ćchanges, tant sur le plan biologique que culturel. Cette altćrite a evolue, d’abord coloniale et relative, jusqu’a aujourd’hui, epoque ou les Autochtones et les Quebecois habitent un meme territoire, qu’ils partagent ensembles. L’Autochtone ou le Quebecois ne va pas chez F autre pour lui subtiliser un savoir, une qualite, voir un objet et le rapporter chez lui, comme un vaisseau spatial decouvrant une planete et sa civilisation et ramenant des artćfacts. Nous sommes du meme territoire et nous marchons ensemble dans des possibles infinis.
«L’alterite relative est soumise a une finitude; plus encore, elle est finition dans la mesure ou elle marąue les limites du moi, de l’individu, d’un groupe, d’une culture. L’alterite absolue elle est infmition, Fimmense horizon des possibles. 1 e ouvre le sujet k Falterite exterieur en partant d’une alteritć intćrieure... elle dćconstruit les notions dMnteriorite et d’exteriorite en en deplaęant les frontieres ou en les rendant flottantes. Le metissage trouve sa dynamiąue dans cette porosite ou 1’identite se fait naturellement transfrontaliere, ne perdant rien de sa texture k passcr d’un territoire (ontologiąue, culturel, langagicr, etc.) a un autre, d’une formę a une autre, d’une
appartenance k un autre44 ».
La difference ontologique se situe dans la dichotomie colonisation/exploration. En ce sens, le regime colonial franęais differe par sa naturę de ce qui viendra ensuite et surtout de la faęon americaine de faire les choses. Les Franęais sont peu portes sur la colonisation, Tinteret se situe sur le developpement de la route vers Fouest et le developpement du commerce des fourrures. Repartis ainsi sur un vaste territoire, il
44 NOUSS A, LAPLANTINE F, 2001, cp.cU. p.55