Dubois
accuse auraient ete eux aussi exageres selon Claude Pichois qui voit dans le commentateur d’Un Mangeur d’opium un opiomane tout compte fait modere si l’on en croit 1’usage et les doses avouees par le poete lui-meme; ou encore si l’on en croit Theophile Gautier qui, lorsqu’il evoque les ‘Fantasias’ de rhótel Pimodan, atteste dans sa preface de 1868 aux Fleurs du mai que Baudelaire “ne vint que rarement et en simple observateur”.41 L’ opinion de Baudelaire sur 1’utilisation des substances demeure ambigue, ce que semble confirmer l’aveu qu’il fait lui-meme a Bruxelles en 1864 sur Les excitants\ “Or, je veux faire un livre non pas de pure physiologie, mais surtout de morale. Je veux prouver que les chercheurs de paradis font leur enfer, le prepar-ent, le creusent avec un succes dont la prevision les epouvanterait peut-etre”. Ainsi, les discours de Brillat et de Baudelaire, tout a 1’heure si dramatiquement opposes, se croisent et se rejoignent enfin.
En guise de conclusion, nous mentionnerons un demier point de convergence. Deja en 1828, Brillat-Savarin cherchait a exprimer toute la difficulte qui caracterisera selon lui 1’entreprise de la modemite:
Le nombre des saveurs est infini, car tout corps soluble a une saveur speciale, qui ne ressemble a aucune autre. Les saveurs se multiplient en outre par leur agregation simple, double, multiple; de sorte qu ’il est impossible d 'en faire le tableau, depuis la plus attrayante jusqu ’a la plus insupportable, depuis la fraise jusqu’a la coloquinte. Aussi, tous cewc qui l ’ont essaye ont-ils a peu pres echoue.
40 Brillat-Savarin, 303.
41 Baudelaire, OC, I, 1360.
80