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La communaute chretienne en Irak a ete frappee par plusieurs attentats en Tespace d’une heure

Un choc pour le Vatican et les Eglises d’Orient

« Cest terrible et tres preoccupant», a declare le Pere Ciro Benedetti, porte-parole adjoint du papę, dimanche r aout, apres les attaąues contrę des eglises en Irak. « Cest la premiere fois que des chretiens sont pris pour cible », a-t-il ajoute, et il faut y voir «le signe d’une volonte d’accroitre la tension, alors que 1’Eglise catholiąue a toujours ete en premiere Ugnę pour la paix ». Les responsables chretiens du Moyen-Orient, membres du Conseil cecumeni-que des Eglises (Geneve), reunis a Kuala Lumpur (Malaisie), ont aussi condamne ces attentats. Cest le cas notamment des dirigeants des Eglises armenienne et syrienne, endeuillees dimanche en Irak. Mgr Nareg Aleme-zian a lance un appel a la cooperation entre musulmans et chrćtiens pour la solidarite et la paix. Pour le Syrien Gregorios Ibrahim, « le nombre des chrć-tiens qui diminue en Irak est une chose terrible. Cest la replique de ce qui se passe deja en Turguie, en Iran, en Palestine. Nous perdons notre peuple ».

BAGDAD

de notre envoyć spćcial Apr£s les chiites et les Kurdes, qui ont subi de nombreuses atta-ques terroristes particulidrement meurtrteres depuis la chute de Saddam Hussein, une vague d’atten-tats parfaitement coordonnćs et sans prócćdent a frappć, dimanche 1" aoGt, la communautć chrćtien-ne d’lrak, faisant une dizaine de morts et plus de 50 blessćs, dont beaucoup sont gri£vement brfllćs. Une demi-douzaine de vćhicules bourrćs d’explosifs - quatre k Bagdad, un k Mossoul et le quatri£me k Kirkouk dans le nord du pays -avaient ćtć placćs devant des ćgli-ses, ou des institutions chrćtien-nes comme le couvent d’Al-Dora, a la pćriphćrie sud de la capitale. lis avaient ćtó rćglćs pour explo-ser, en 1’espace d’environ une heure, lors de 1’office religieux du soir dans les trois villes.

Devant 1’ćglise syriaque du quar-tier commeręant huppć de Karrada, au centre de la capitale, t’explosion a laissć un cratóre de prćs de trois mćtres de profondeur sur la chaus-sće. Le puissant souffle de celle qui s’est produite dans la cour du cou-vent-sćminaire d’Al-Dora a retour-nć une dizaine de vćhicules, qui se

sont enflammćs. II ne fait aucun doute que les auteurs de ces attentats voulaient faire le plus grand nombre possible de victimes. Ha-gard, le front trempć de sueur et le regard affolć, un jeune prStre barbu en soutane hurlait sa douleur k Karrada dans le vacarme assourdissant des sirónes des ambulances, des voi-tures de pompiers et des vćhicules de la police, dont les agents tiraient des coups de feu en 1’air pour ćcar-ter la foule des importuns. « Pour-quoi nous ? Pourąuoi nous ? », hurlait le jeune prStre en pleurs.

« SI PEU NOMB«EUX »»

Pourquoi, en effet ? Majoritaire-ment opposćs k la guerre amćricai-ne - comme le fut sans ambigultć le papę Jean Paul II en 2003 les chrćtiens d’Irak, qui bćnćficiaient sous le rćgime prćcćdent d’une relative sćcuritć et d’une totale libertć de culte - qui permettaient k la dictature de soigner son image k 1’ćtranger - ont longtemps pensć que leur petit nombre - moins de 3 % de la population irakienne -leur assurait au moins une sorte de protection vis-i-vis des poseurs de bombes, qui cherchent visible-ment k dćdencher, jusqu’& prćsent sans succ£s, une vćritable guerre

civile entre communautćs ethni-ques et religieuses.. - - ” *

«S’en prendre aux chrćtiens ne leur apporterait rien, confiait ró-cemment un haut dignitaire assy-rien. Nous sommes si peu nombreux et si faibles. » Ce que les chrćtiens craignaient et craignent encore au-jourd’hui, c’est la montće du fon-damentalisme musulman, voire la prise du pouvoir par certains aya-tollahs de la majoritć chiite, qui menacent d’imposer une version dure et rćtrograde de la chana, la loi musulmane, k 1’ensemble du pays. «Auquel cas, nous devrons tous partir », ajoutait le dignitaire. Beaucoup n’ont d’ailleurs pas attendu que les choses se dćgra-

dent k ce point, puisque sur les 1,4 million de « Nazarćens », comme les appellent les intćgristes, recensćs en 1987, il en resterait moins de 750 000. Les deux tiers vivent k Bagdad, prós de 150 000 dans le nord du pays - Mossoul, Kirkouk et le Kurdistan autonome - et quelque 100 000 dans la grandę ville chiite du sud, Bassora, ćpargnće par la vague d’attentats de dimanche.

11 existe toutefois une distance entre les faits et la perception qui en est faite. Sans parler du formi-dable ćcho mćdiatique intematio-nal d’une attaque contrę les chrć-tiens, les divers groupes rebelles qui posent des bombes ou enl£-

vent des ćtrangers pratiquement tous les jours veulent surtout pro-voquer le dćpart de tous les ćtran-gers et de toutes les entreprises non irakiennes qui assurent la logistique de 1’occupant et de ses supplćtifs irakiens. Nul ici n’a oublić que le prćsident George W. Bush, k la veille de l’invasion, a malencontreusement parlć d’une « croisade contrę le Mai», et si cer-taines des maigres troupes ćtrang£-res qui forment« la coalition » ne sont pas chrćtiennes - Mongols, Japonais, Thailandais, Albanais, etc. -, la plupart des 160 000 occu-pants en uniforme le sont. Pour ceux des islamistes purs et durs qui r6vent de transformer 1’afffon-

tement en cours avec rAmćriąue imperiale en une vćritable guerre de religions, le bćnćfice qui peut Stre tirć d’une attaque antichrć-tienne de grandę ampleur est sans doute apparu irrćsistible.

BOUTIOUES INCENDIŚES

Populairement peręus, souvent k

Devant Punę des ćglises de Bagdad ayant ćtć visćes, dimanche V' aout lors des vipres, par des attaąues d la voiture pićgće. Les attentats ont fait une dizaine de morts, plus de 50 blessćs, et provoquć des scćnes de panique parmi les fiddles.

tort, comme une communautó pros-p£re liće aux pays occidentaux, ou la plupart de leurs coreligionnaires qui ont quittć 1’lrak depuis une quin-zaine d’annćes se sont exilćs, les chrćtiens d’Irak ont ćgalement le tort, aux yeux des intćgristes musul-mans, de possćder la plupart des magasins d’alcool du pays. Plusieurs centaines de ces ćchoppes, gćnćralement situćes dans les beaux quartiers commeręants des grandes villes, ont ćtć incendićes ces quinze demiers mois et leurs proprićtaires malmenćs, blessćs, voire, dans certains cas, assassinćs. De nombreux salons de coiffure ou de soins esthćtiques pour dames aisćes, de meme que des boutiąues .! de dessous «branchćs», anathć-mes pour les obscurantistes de la « modestie islamique » obligatoire, ont subi le mgme sort.

Avant la vague d’attentats de ce dimanche, les institutions chrótien-nes avaient recensć la mort de 102 chrćtiens, dont 90 % ont ćtć assas-sinćs, depuis la chute du rćgime baasiste le 9 avril 2003. 11 faudra dćsormais ajouter k ce bilan toutes les victimes des vdpres sanglan-tes de ce 1” aoOt 2004.

Patiice Claude

Xe3Honde

3 AOUT 2004

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