Americains ne nous laissentle ce qUe veut dire pour nous le choix qu'entre l'honneur et la sens du sacrifice.» ♦
servitude, nous choisirons oidierfrancois
1’hęnneur. Et ils apprendront
8 AOUT 2004
Des affrontements ecłatent dans toutes les villes chiites
Ce sont les combats les plus violents depuis la treve en juin.
Une vaste offensive de la force multinationale et de la sćcurite irakienne contrę les miliciens du chef chiite radical Moątada al-Sadr a fait depuis jeudi au moins 59 morts, selon les hó-pitaux. L'armee amćricaine affirme pour sa part que «trois centselćments desforces anti-irakiennes» ont ćte tues en trois jours dans la ville sain-te de Najaf alors que lesforces de la coalition auraient perdu trois hommes.
Ultimatum. Vendredi, FUS Air Force est entree en action, ti-rant des roquettes sur le centre-ville et le cimetiere ou ćtaient retranches les miliciens de Tarmee du Mehdi, la milice de Moqtada al-Sadr. «Les operations militaires vont sepoursuivre a moinsguel'ar-meedu Mehdi quittelapróvin-ce, etje lui donnę vingt-quatre heurespourlefaire a partir de la diffusion de cette declara-
tion», a dćclarć k la presse le gouverneur de la province de Najaf, Adnan al-Zorfi, affir-mant ątf«il ny aura pas de compromis sur une nouvelle
treve». •
Ces combats sont les plus vio-lents depuis la treve declaree en juin entre les forces de la coalition et les dirigeants de la communaute chiite apres deux mois d'insurrection. Le Conseil supremę de la revolu-tion islamique en Irak (Asrii, parti chiite reprósente au gou-vernement) a annonce une reunion avec des represen-tants de Moqtada pour tenter de «trouver une solution paci-fiquealaaise».
Des affrontements spora-diques entre forces de la coalition et miliciens d Al- Sadr ont egalement eclate dans la plu-. part des villes chiites. A Basso-ra (sud), au moins cinq per-sonnes ont ćte tu^es et trois blessees lors de heurts avec les soldats britannłques. Les combats s^intensifiaient ven-dredi soir. A Nassiriya (sud), sept civils ont ćte tućs et treize blessćś pendant la nuit dans
des combats entre miliciens et
/ .• *
soldats italiens. A Amara, au ■moins huit crvils ont ete bles-s^s lors de heurts entre miliciens chiites et soldats britan-niques. L'envoye special de TONU, Jamal Benomar, a esti-me vendredi que le fait que les yiolencescontinuenten Irak risquait de remettre en cause la Conference nationale irakienne, prevue pour le 31 juil-let et reportee a la mi-aout a la demande des Nations unieś. Embl^me. Le grand ayatol-lah Ali Sistani, 73 ans, figurę emblematique des chiites d’lrak, est pour sa part arrive vendredi a Londres, ou il doit se faire soigner pour «un petit probfeme cardiaque», selon son porte-parole. ♦
0'aprfes AFP et Reuters
Installe au pouvoir depuis sbc semai-nes, Iyad Allaoui se veut rhomme fort du nouvel Irak. 11 a deja sa lćgcnde noire, qui court dans le petit peuple de la capitale. On raconte que le chef du gouvemement interimaire aurait assis-te en personne k l’exćcution de sang-froid de deux «terroristes» arretes les armes a la main. I^autres histoiresi tout aussi inverifiables, parlent de sept membres de gangs politico-mafieux abattus sous ses yeux dans une prison. Les autorites nient farouchement et qua-lifient ces histoires de «legendes ur-baines», sans pour autant sembler en etre embarrassees. Comme dans toute situa-tion de guerre et de chaos, celles-ci tra-duisent aussi les aspirations d*une popu-lation qui reve d'un homme a poigne aprós quinze mois de chaos.
«La loi et Pordre». Allaoui s*est ainsi gagne une certaine popularitć. Le gouveme-ment clame maintenant vouloir briser «les milices Ulegałeś qui sont comme des terroristes». Declaration qui peut appa-raitre comme une rodomontade alors que 1'insecurite regne toujours sur une bonne partie du territoire, plusieurs re-gions, notamment dans le pays sunnite, echappant au contróle de Bagdad.
Le retablissement de «la loi et Vordre» reste la grandę priorite d Allaoui, chiite lale, jadis militant du Baas puis opposant resolu de Saddam Hussein, qui tenta de le faire assassiner^ Londres. Aprós 1991, il travailla etroitement avec les services americains et britanniques. L'adminis-tration Bush 1-a impose comme Premier ministre du gouvemement interimaire d’un Irak qui a recouvre le 28 juin une souverainete au moins theorique. Si la nouvelle autorite irakienne contróle la police et des forces armóes encore em-bryonnaires, 1’essentiel de la securite
reste assuróe par les141000hommes, en ecrasante majorite americains, de la force multinationale, sur laquelle il n'a au-cun pouvoir.
Cette autoritć intórimaire non elue pourrait sembler «fantoche». Elle refle-te neanmoins assez fidelement la mo-saique politique, religieuse et ethnique du pays, et ses representants ont pour la plupart une lógitimite personnelle forte, comme le prósident de la Republique, le sunnite Ghazi al-Yaouar, chef d'une puissante tribu. Le veritable pouvoir n'en reste pas moins aux mains de l'am-bassadeur americain John Negroponte, qui a 2000 personnes sous ses ordres, des conseillers dans tous les ministeres, et la haute main sur la gestion des .18,4 milliards de dollars de 1’aide ameri-caine pour la reconstruction. . Autoritarisme rampant Legouvernement Allaoui a deja proclame plusieurs fois la loi martiale dans certains districts. Le Premier ministre lui-meme evoque un possible report des elections prevues pour janvier. Certains s’inquietent de rautoritarisme rampant du nouvel homme fort du pays. «Il veut donner une image double: celle d’un democrate vis-a-vis desOccidentawc, mais, vis-a-visdeslra-kiens, d’abordcelle d'un dur,pręta faire le saleboulot»,expliquait un diplomate ci-tó par Newsweek. Le grand enjeu est la Conference nationale irakienne qui doit reunir un millier de dćlegues choisis dans tout le pays et parmi tous les cou-rants. Prevue pour le 31 juillet, elle avait ćte repoussee in extremis a la mi-aout sur demande de FONU, preoccupee par des questions dbrganisation. Minoritaires au sein de leur communau-te Ga premierę du pays), les chiites radi-caux de Moqtada al-Sadr denoncent «cette conference des Americains». La nouvelle epreuve de force inquiete l’en-voye onusien Jamal Benomar, qui souli-gnait qu*une telle conference vise juste-ment a montrer que «les problemes doivent etre resoluspar le dialogue et non parlesarmes». ♦
MARC SEMO
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