16 AOUT 2004
Irak
Dans le sanctuaire des rebelles chiites
Frenesie a Najaf, dans 1’attente de l’offensive annoncee par le gouvernement contrę les milices. Reportage de notre envoye special avant l’evacuation des journalistes ordonnee hier par Bagdad.
Najaf envoyć spścial
serte la ville avec leurs etu-diants des le debut des hostilites. Videe de ses membres, la hawza - l’en-semble des centres d’ensei-gnementdelareli-gion - a cede la placeacesguerille-ros issus des quar-tiers desherites et emmenes par des imams souventinconnus.
Blessć. Le grand ayatollah Ali al-Sistani, qui incarne le cou-rant quietiste du chiisme, se trouve a Londres, officielle-ment pour raison de sante. «Pourquoichoisirl'Angleterre, pays de la coalition ?Il aurait duserendreen France ou enAl-lemagne, s’indigne le cheikh al-Chaibani. Tous les marja' [hautes autorites religieuses, source d’imitation pour les croyants, ndlr] sont partis. C'est une ho n te!II neresteplus que Moątada al-Sadr! II a des ąualites que les autres n'ont pas.» II confirme que son chef a ete blesse «a la main et a la
jambe» par un tir de char vcn-dredi pendant qu'il «inspec-tait» la toute nouvelle «unite des martyres» chargee de me-ner des operations suicides.
Les «sadristes» se disent prets a quitter Najaf si les forces de la coalition et la police ira-
Cheik al*Chabalni, reprćsentant de Moqtada al-Sadr
Ils embrassent les rebelles qui, a leur tour, brandis-sent 1 eurs kalachnikovs ou font ie Vde la victoire. Ils battent le bitume en ca-dence comme lorsqu’ils celebrent le martyre de Hus-sein. Ce sont des hommes ex-clusivement, venus par mil-liers des quatre coins du pays chiite «briserlesiege» de leur \ille sainteet soutenir Moqta-da al-Sadr et son armee du Mehdi. «Voila tęs soldats»,
crient-ils a 1’intention du diri-geant radical, qui continue de defier les troupes americaines et le gouvei uement de Bagdad. Tout autour d’eux, jus-qu'en haut d’immeubles even-tręs, les miliciens, un bandana vert sur le front, leur lance-ro-quettes a 1’epaule, arborent le sourire des vainqueurs. Courte treve. «Nour sommes partis apres la priere du ven-dredi sur ordre de notre imam «>. explique un habitant de Bagdad. II a marche avec ses com-
pagnons jusqu’a la sortie de la capitale, puis effectue le reste du voyage enbus. «Ceuxqui ne luttentpas n,ontqu'aporter le voile!», lance-t-il. II y a meme un convoi de vi vres envoye par Fallouja, le bastion sunnite. Une soixantaine de camions apportent de la nourriture et des medicaments, cadeaux d’un symbole de la resistance a un autre.«Najafestencerclee comme Fallouja. Seshabitants nous ont aides. Cest mainte-nant notre tour.de leurrendre la
pareille», explique un des chauffeurs.
I ls profitent de la courte treve decreteevendredisoiretqui a pris fin dimanche matin. Passe le pont etroit qui enjambe 1’Euphrate.aucun marinę ni gardę national irakien ne montre le bout de son arnic.
Apres huit jours de combats, Najaf est une ville ouverte, mais aux seuis partisans de Moqtada al-Sadr. Ils regnent en maitres des Koufa, la cite voisine. Des miliciens souvent
tres jeunes fouillent passants et voitures, gerent la circula-tion ou organisent le nettoya-ge des rues, jonchees de debris. I ls contrólent tous les acces au mausolee de 1’imam Ali, le lieu le plus sacre du ch i isme, dont le dóme etincelant dbr aurait • ete eraflepardestirs.
«Bien sur quec’est une victoi-re», affirmeAhmedal Chaiba-ni. Assis sur une couverture. le jeune representant de Moqta-da al-Sadr a pris ses quartiers óanslaunadrassa Al-Kawama.
un des nombreux seminaires de la ville sainte. Ses hommes se reposent dano les cours om-bragees aux murs couverts de faiences. Toutes les grandes fi-gures du clerge chiite ont de-kienne en font autant et a confier le contróle de la ville auxmarja\ «Nousnesortirons plus nos armes sauf si nous sommes attaques.» Condi-tions qui ont ete rejetees des samedi soir par le gouverne-ment irakien. Durant la premierę phase des combats, cheikh al-Chaibani recon-naissait que Tarmeedu Mehdi avait perdu 30 combattants alors que les marines affir-maient avoir tue pres de 400 insurges. II admet que les affrontements n'ont pas ete, jusqu’a present, tres virulents. «C'est tres bizarre. Les Ameri-cainsn'ontpas bouge de leurs anciennespositions. Usparlent de grandę offensive mais ne font rien, comme Saddam, qui avait annonce pors de la guer-re du Golfe de 1991, ndlr] la “mere de toutes les bata illes".» Bombardements. Les trous beants sur les faęades, les cre-
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