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meme Calmes «un grand romancier colonocentriste.»w Son roman Les Colons, publie chez Sansot en 1907, est juge selon Marius-Ary Leblond comme: «[...] le premier essai de constitution d’une mentalite algerienne [...]. II pourrait porter comme sous-titre: Comment s’ćlabore une race.»97 Avant de definir le niveau lexical de ce roman, rappelons que Robert Amaud dont 1’anagramme Randau lui a permis d’eviter la protection parfois trop imposante de 1’Administration, etait non seulement nć a Alger mais il se devoua corps et ame a sa mission d’administrateur adjoint dans le departement de Constantine, il dirigea aussi une mission d’information sur 1’Islam en Afrique Occidentale Franęaise, il accomplit ses missions en Guinee et en Cóte d’Ivoire et il devint en 1917, adjoint au commandant de Tombouctou98.
Robert Randau, le plus Africain de nos ecrivains, se montre le plus complet. Peintre vigoureux, il nous restitue une Afrique aux multiples visages, admini-strateur ici, explorateur la, Fun preparant 1’autre et prefaęant son action."
Son roman est peuple de personnages vifs, pittoresques, parfois vul-gaires, mais vrais, «des etres de chair et d’os»,100 car Fart du romancier doit etre «realiste», souligne Dejeux. Puisqu’il connatt la colonie «du de-dans», il est capable et il
veut comprendre Findigene autant qu’il souhaite etre estime de lui. [...] L’indigene est un etre autre que nous et la litterature coloniale doit decrire la rencontre, voire le conflit, Faction et la reaction des races, entendons des intellects, et de faire penetrer le lecteur dans un milieu psycho!ogique nouveau aussi bien que dans un paysage exotique. L’ecrivain colonial est un initiateur, un ouvrier des routes. Meme mediocre, il cree. II decrit son exploration.,°l
L’auteur colonial investi d’une telle mission doit faire une place, selon Randau, a Findigene dont nous allons analyser le statut dans Les
96 A. Calmes, Le roman colonial en Algerie avanl 1914, L'Harmattan, 1984, pp. 87, 139.
97 M.-A. Leblond, Preface aux Colons de R. Randau, Robert Laffont, Tchou, ćditeur, 1979, p. 9.
98 Toutes les informations d'aprćs La litterature au soleil du Maghreb de P. Grenaud, L’Harmattan, 1993, pp. 59-60.
"Ibid., p. 61.
100 La litterature coloniale, hier et aujourd'hui, Revue des deux Mondes, 15 juillet 1929, p. 421 d'apr£s «Robert Randau, thćoricien du roman colonialw par J. Dejeux in Itinerai-res et contacts de cultures, volume 12, Le Roman colonial, L'Harmattan, 1990.
101 R. Randau, De l'existence d'une litterature en Algerie, L'Afrique du Nord illustrć, nouv. serie n° 611, 14 janvier 1933, d'apr£s J. Dejeux, op. cit., p. 96.