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pas signifiś pour le voivode Brancovan, maintenant entrś en conflit ouvert — mais non divulguś — avec les Cantacuzenes, promoteurs et souteneurs d’une politiąue pro-russe sans rśsórves, qu’une longue sśrie d’humiliations de la part des Turcs et une grandę inąuietude pour son avenir et celui de sa familie toute entiere. Les tardives relations que le prmee essaya alors de renouer avec les Impśriaux surtout pour s’assurer un refuge en Transyl-vanie, n’aboutirent pas aux rśsultats efficients 80.
Toute la politique de grandeur du prince Brancovan, qui avait fait de la ville de Buearest un si important siege de la lutte antiottomane, ses liaisons avec les chefs de rśvoltśs balkaniques et ses efforts pour faire de la Yalachie le pivot du mouvement d’ćmancipation des peuples op-primćs au sud du Danube, avaient eessś de constituer maintenant la prśoc-cupation majeure du voivode, dont la situation affaiblie ne lui permettait plus qu’une lutte opiniatre pour survivre. Constantin Brancovan tomba juqu’a la fin yietime de la politique de revanche des Turcs, qui dćsiraient effacer les humiliations de la paix de Karlówitz.
La guerre heureuse qu’ils avaient eu avec les Busses, la campagne qu’ils prćparaient contrę les Vćnitiens en Moróe et, enfm, le rdglement de comptes qu’ils projetaient contrę les Impćnaux, affaiblis par la guerre de la succession d’Espagne et la róvolte des « kouroutzes », rendirent les Turcs eztremement sensibles a 1’śgard des vassaux de 1’empire, en les determinant a rśprimer avec une grandę brutalitś toute attitude dbnfidćlite a 1’Ćtat Ottoman, pour obtenir ainsi la coh4sion interne, reclamśe par les impśratifs du moment. Tant que les Turcs se sentirent faibles et forcćs de se maintenir dans une expectative prudente vis-a-vis des Busses et des Autrichiens, ils avaient tolerć les actions de Brancovan et ses efforts de rapprochement des puissances chrćtiennes, qui leur convenaient jusqu’a un certain point, parce que dans la nźcessitó de se disculper, le prince non seulement versait d’importantes sommes d’argent aux dignitaires de la Sublime Porte, mais śtait forcś quelquefois de leur procurer aussi certaines informations.
Au moment ou la Turquie victorieuse sur le Prut ayant imposś a la Eussie une paix de compromis, róyisa completement sa politique et projeta la reconquete des anciens territoires perdus par la paix de Karlo-witz, elle ne put plus risquer de maintenir dans sa principautó un person-nage aussi influent que le voivode Brancovan, disposant d’un fortunę immense et dotć d’une remarquable expśrience politique, mais hostile a la Porte en cachette et compromis par un penchant trop ćvident pour la Bussie de Pierre le Grand. Les Turcs ne firent qu’exploiter comme un
10 C. Giurescu Dobrescu, Documtnlt §i rtgtsit.. , pp. 212 — 213, n° 33; pp. 213 — 214, n° 338, pp. 221-223, n° 347; p 225, n° 350; pp. 230-231, n° 359; p. 245, n° 375, etc.; N. lorga, Viafa §i domnia lui Constantin vodó Brlncoueanu, pp. 203 — 204.