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qui reviennent aux śveques pour l’ordination des pretres 70. Par un autre chrysobulle spćcial, destinś a mettre fin a des abus, ainsi qu’aux diffś-rences qui existaient d’nn endroit a 1’autre, le basileus fixe le quantum du Tcanonicon du anx ćveques par les communautós de eroyants 71. A la lumiere de ces faits, la prise en possession par l’Etat des terres des monasteres peut donc etre considerśe comme une vśritable sścularisation des biens conventuels, faisant elle-meme partie d’une vaste rśforme ecclś-siastiąue. Tous ces faits, dont 1’śpilogue fut la destitntion yiolente du patriarchę et sa mort dans des conditions mystćrieuses, font penser que 1’octroi de 1’autonomie de gestion et d’administration de 1’ćglise Sainte-Sophie a du avoir certaines raisons secretes que les faits exposćs plus haut contribuent a śclaircir, c’est-a-dire tenir 1’Eglise a 1’ścart de la vie publique, la neutraliser politiquement. Au fond, Isaac Comnene mśrite peut-etre tout autant que les empereurs lconoclastes les jugements portśs sur le role de ceux-ci a consobder la laicitś de l’Etat byzantin 72. A cette diffśrence pres que les premiers ont rśussi a imposer leur po-Iitique, tandis que le second n’a fait que 1’ćbaucher.
La structure de 1’ensemble des rśformes d’Isaac Comnene, telle que nous avons tentś de reconstituer, rśvele les intentions tres bien arre-tśes de 1’empereur. Le renforcement mibtaire de 1’Etat n’śtait pas possible sans son renforcement gśnśral. C’est le but que l’empereur avait assignś a 1’ensemble de rćformes. Le caractere dćfensif des campagnes qui ont suivi prouve qu’Isaac Comnćne avait tirć des conclusions bien arretśes sur 1’incapacitś de 1’empire a soutenir dósormais des guerres d’expansion. Ainsi que le montre Psellos lorsqu’il analyse 1’attitude de 1’empereur a l’śgard de ses nombreux ennemis du dehors : «... II leur ordonnait de se tenir tranquilles, non qu’il vit d’un mauvais mil un accroissement de territoire de 1’Empire romain, mais parce qu’il savait que pour de telles annexions il ótait besoin de beaucoup d’argent et de bras vaillants et d’une róserve suffisante et que, lorsqu’il n’en va pas ainsi, l’augmentation c’est la diminution...»73: paroles qui indiquent que les rósultats com-menęaient a se faire sentir. Mais leur rćalisation dśfinitiye fut arretśe par la fin brusque et jusqu’a un certain point surprenante du r^gne d’Isaac Comnene.
70 Zacharie von Lingenthal, Jus gracco-romanum, III, Leipzig, 1857, P. Zepos, Jus grae-co-romanum, Athfcnes, 1931, I, pp. 275 — 276; voir les regestes chez Franz Dolger, Regcstcn und Kaiscrurkunden des ostromischen Reiches, II, p 13.
71 Ibidem.
72 L/idee cTimplications affectant toute Phistoire byzantine et orientale chez A Rambaud, dans son essai de 1877 sur Michel Psellos, dans Etudes sur l'histoire bgzantinc, Pans, 1912, p. 155; de mSme chez H Gelzer, dans Abnfi p. 1006.
7a Psellos, II, p. 114.