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que toute modification d'unc population bacterienne etait le resultat de mutations spontanees de quelques individus. Si ces derniers ont acquis la propriete de se developper mieux que la population initiale dans un nouvel environnement, celui-ci va les selectionner et leur descendance remplacera plus ou moins rapidement la population initiale. A partir de cette epoque, les progres de la genetique des bacteries ct des bacteriophages ont etć spectaculaires et Ton peut dire actuellement que les organismcs les micux connus du point de vue de la genetique sont, outre certains virus, les bacteries.
A quels titres tout ceci peut-il intćresser les geneticiens des vegćtaux ? D'abord des bacteries et autres micro-organismes sont souvent associćs aux vegetaux, dans la Rhizosphere ou au cours de symbioses permettant, par exemple, la fixation de 1'azote atmospherique ou encore en provoquanl quelques maladies ; mais surtoul les bacteries rcpresentent le materiel de choix pour effecLuer les manipulations genetiques, elles constituent le modele auquel on se refere pour toutes operations genetiques in vitro h realiser sur d'autres organismes.
En effet, les bacteries, et en particulier Escherichia coli, ont des qualites exceptionnelies pour le geneticien du fait de leur vitesse de eroissance (une bonne bacterie se divise toutes les 30 minutes) : il est commun, 18 heures apres avoir cnsemence un milieu de culture avec quelques cellules, d'obtenir des populations de Tordre de 109 cellules par millilitre; dans ces conditions, si des artifices de selections sont possibles, il est facile d'isoler des mutants spontanes ou provoques.
Les cellules bacteriennes offrent d'autres avantages au chercheur, a cause :
— de leur materiel genetique tres simple: le chromosome bacterien est unique, tres long (environ 1 mm) et porte 1'ensemble des gćncs necessaires a la vie dans un environnement habituel. Depuis quelques annees, on a mis en evidence de nombreux plasmides portant des caracteres complómentaires, ce qui complique quelque peu la conception initiale, uniciste, du genome bacterien;
— des dispositions tres remarąuables qu’ont les bacteries a accepter dans leur cytoplasme du materiel genćtique etranger (intra ou extra specifique) et de Texprimer sous formę de proteines, qu'il soit integre ou non; il s'agit de processus divers decouverts entre 1944 et 1952 :
• la transformation : propriete qu’ont certaines bactćries d’integrer de l'ADN exogene en solution, cette propriete est, dans la naturę, Tapanage de quelques especes seulement; en utilisant certains artifices, on peut maintenant trans-former un nombre important d'especes bacteriennes comme E. coli;
• la conjugaison : consiste en un transfert actif de materiel genetique d’une cellule donatrice a une cellule receptricc ;
• la transduction : fait intervenir un bacteriophage tempere qui integre dans sa capside du materiel genetiquc nc lui appartenant pas, pour 1‘injecter a une bacterie rćceptrice (sensible au phage).
Les travaux genetiques sur E. coli ont abouti a la determination des meca-nismes de transcription et de traduction du genome et de leur regulation. Ce progres a donnę a penscr, vers les annees 1970, que Ton possedait les clefs de la connaissance des systemes de base de la vie ; cela avait amene Jacques Monod h fairc cette boutade: « Ce qui est vrai potir E. coli est vrai pour Telephant ». Les phdnomenes fondamentaux sont semblables : le codę genetique et Tensemble des modalites de son expression ; cependant, des que les manipulations genetiques ont permis de faire passer des informations codees d’une cellules eucaryote a une bacterie, on s;est aperęu de differences importantes dans leur faęon de lirę les messages genetiques; il s'agit, par exemple, de la presence d'introns dans