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vśritable pluralisme idśologique et garantissent la plus large participation de tous les secteurs ».

La confśrence ministśrielle aura donc au moins permis de renouer le dialogue entre les cinq pays de 1’isthme qul ont dścidś de se retrouver, au cours des trois prochains mois k Esquipulas (Guatśmala) pour rśexaminer le plan de Contadora. Ce succśs remportś par la CEE, meme s’il est loin d’etre śvident qu’il se confirme par la suitę, ne doit pas masquer Pabsence d’une rśelle influence europśenne dans la region.

Une politiąue ambigue

UEurope se contente de próner le dialogue mais « elle n’a rien k proposer» confiait le commissaire europśen Claude Cheysson k un groupe de journalis-tes, k 1'issue de la confśrence. «II est cependant remarquable que les Europśens soient encore ensemble dans cette affaire» alors que «certains prśfśreraient manifestement qu’on ne leur parle plus de PAmśrique centrale ».

Le ton dśsabusś du commissaire est sans doute k la mesure des espoirs qu’il avait investis comme Principal initiateur d’une politique europśenne dans la region. Dśjś, lorsqu’il śtait ministre des Affaires śtran-gśres, il avait śtś le premier europśen a osś faire une brśche dans la sacro-sainte « doctrine de Monroe » proclamśe par les £tats-Unis au dśbut du siścle — « PAmśrique aux Amśricains » — en prśsentant devant le Conseil de sścuritś des Nations Unieś, en 1981, une dśclaration avec le Mexique reconnaissant 1'opposition armśe au Salvador comme une «force politique reprś-sentative >* et en concluant peu aprśs un accord de livraison d’armes avec le Nicaragua. Le ministre ouest-allemand et liberał Hans-Dietrich Genscher joua aussi un role dścisif, inquiet qu’une aggravation des conflits en Amśrique centrale ne renforce les tendan-ces aux £tats-Unis k dślaisser la dśfense de PEurope occidentale.

Cependant, la philosophie de la premiśre rencontre ministśrielle CEE-Amśrique centrale, qui eut lieu k San Josś en septembre 1984, n'śtait pas clairement śtablie. S’agissait-il d’aider les pays k diversifier leur dśpen-dance k Pśgard des £tats-Unis et, dans le cas nicara-guayen, k Pśgard du bloc de PEst, en prśsentant PEu-rope comme une troisiśme force ? Ou fallait-il au nom de la solidaritś atlantique apporter une caution europśenne k la politique amśricaine, meme s’il n’śtait pas question de souscrire k Panalyse de Padministration Reagan ramenant tout k un grand complot soviśtique ?

Paradoxalement, c’est le secrśtaire d’£tat amśricain George Schultz qui a apportś le meilleur appui k la France, PEspagne et Pltalie, favorables k une aide non discriminatoire pour tous les pays de la rśgion. En envoyant une lettre aux chancelleries europśennes pour que le Nicaragua soit exclu de Passistance de la CEE, lettre qui a śtś rendue publique, il a sapś la position de ceux, notamment le Royaume-Uni et la RFA, qui vou!aient rendre Paide conditionnelle « au respect des libertśs dśmocratiques ».

Un an plus tard, k Luxembourg, la deuxiśme confś-rence dśbouchait sur la signature d’un accord institu-tionnalisant le dialogue politique et d’un accord de coopśration rśgionale, du meme type que celui qui Ile la CEE aux pays de PASEAN. Les Europśens se contentśrent de promettre une augmentation « subs-tantielle »► de leur aide, qui a effectivement doublś entre 1984 et 1987 pour atteindre 80 millions d’ECU. Mais ils refusśrent aussi bien d’ouvrir plus que nścessaire leurs frontiśres aux produits centre-amśricains que de dis-cuter avec eux d’un systśme « Stabex »»(compensation des pertes k l'exportation sur les produits de base agricoles) tel qu’il existe pour les pays ACP ou de faire intervenir la Banque europśenne d’lnvestissement dans la rśgion.

Quant au dialogue politique, il est restś singuliśre-ment limitś, la CEE n’ayant jamais eu une rśelle volontś de faire pression sur les £tats-Unis pour qu’ils accep-tent Pinitiative de Contadora. Vis-ś-vis du Nicaragua, les Douze se sont d’ailleurs de plus en plus alignśs sur la position amśricaine, surtout aprśs le changement de gouvernement en France. Alors que ce pays avait reęu la moitiś de Paide financiśre consacrśe par la CEE aux cinq pays de la rśgion entre 1980 et 82, sa part est tombśe k 5 % en 1985. Les Nicaraguayens ont seule-ment bśnśficiś d’une aide alimentaire importante (15,7 millions d’ścus en 85) et de Paide pour les programmes rśgionaux au cours des deux derniśres annśes. Et cette tendance n’est pas prete de se ren-verser: la France, la RFA et les Pays-Bas ont ainsi fait savoir lors de la confśrence qu’ils comptaient rśorien-ter leur aide bilatśrale en faveur des autres pays de la region. Quoi qu’on puisse ergoter a Pinfini sur le sens et le contenu de la « dśmocratie » dans un pays en guerre, il est singulier que PEurope enlśve son soutien au seul £tat vraiment demandeur d’une intervention des Douze qui aille au-delś de Paide śconomique.

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REVUE DU

MARCHĆ COMMUN, m 305, Mars 1987


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