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« Dans 1’ćtude scientifiąue du rythmc, tout est a iaire » disait l’Abbć Rousselot. D'autre part, H. Basset nous dit que le rythme de 1’isll est trćs ardu k saisir. II s’y connait, ce doit ćtre vrai. Mais il ćcrivait cela il y a ąueląues annćes.

Le rythme berbere, qu'on mette A ses trousses toute a subtile et rapide sensibilitć des appareils enregis-jrcurs ! Echappera-t-il longtemps au rćseau habilement resse autour de lui par un ensemble de graphiąues nom-oreux et yarićs combinćs avec mćthode.

L ^criture l’a soustrait k son juge d’instruction ordi-aire devant leąuel, moqueur, il venait danser un instant c . puis disparaissait insaisissable : 1’orcille a ćtć des-saisie. Une multitude de graphiques varićs a ćte convo-quee : longuement 1'ceil les interroge ; k plusieurs repri-ses, U les fait comparaitre, jusqu’& ce qu’ils aient parle. auieurs, sul moyen dc tromper avec les comparaisons les recoupements possibles.

, Demandons tout k 1'appareil enregistreur et attcn-ons tout de lui. II nous livrera la musique du mot : durće, hauteur, tirabre des syllabes diverses qui ^tituent ce mot. Le mot est-ce comme une notę qui va ^,ler dans un ensemble rythmique ? Dans cet ensemble y mique, reste-t-il tel quel ? Quelles transformations im s?Jlt imposćes pour y ftgurer ?

Nous ćtudierons dans la seconde partie ce que nous avons appeić les « clichćs », groupes de mots envisagćs

au point de vue du « sens » qu’ils expriment. Ces clichćs verbaux, expressions toutes faites, nous apparaltront comme ćtant peut ćtre les ćlćments prćparćs d’avance qu utilisent nos compositeurs oraux pour leurs improvisa-lons, en les adaptant plus ou moins : c'est le fond com-

mun ou ils semblent puiser pour faire..... ou leur Magni-

»At °u leu-r Iliade- Nous en citerons beaucoup. II faudra • f.acer .a chacun de ces clichćs pour en suivre les va-ffirttn*13 dans la raćme tribu, soit dans des tribus dif-la    iUe.de t>esogne et qu’il sera intćressant de faire

vpr Ho °i 6 de C€s diverses adaptations pour y retrou-ot i ?1 2 3 4 5 ;e temPs et dans 1’espace les diverses modalitćs atĆVO Utiws de rame berbćre !

,    1 !’S ces <*chćs, Dar de!£t tcut le ch&toyant de leurs

aaaptations vęrbales, k l’aide des appareils enregistreurs, o s voudrons en savoir toute la musique, ou, ce qui est meme chose, si l’on s’exprime sur le modę lumineux, , voudrons en savoir le dessin, pour tout dire, en col-' 10n^er les graphiques. Les cliches verbaux sont-ils en me temps des clichćs rythmiques ou du moins, de me-e qu envisagć comme ensemble verbal, 1’izli se fait peut-etre avec les ćlćments des clichćs verbaux diffćremment airanges, de meme considćrć comme un ensemble rythmi-due se fait-il avec les ćlćments de clichćs rythmiques ? Ln d’autres termes, le compositeur qu’on saisit sur le fait en train de combiner les clichćs verbaux tout prćparćs ou presque, le saisit-on sur le fait en train de combiner des elements rythmiques tout prćparćs eux aussi.

Dans quelle mesure la musique commande-t-elle le < verbe » ? et dans quelle mesure aide-t-elle a se le rap-peler ? De quelle manićre et dans quelle mesure une con-naissance pus grandę du rythme mettra-t-elle sur la voie pour mieux s’expliquer la transmission orale ? Le rythme est-ce simplement de la musique qui charme 1’oreille, ou a-t-il ćtć mobilisć au service de la mćmoire. Est-il en meme temps qu’harmonie, mnćmotechnie?... Tout cela, on ne

1’apprendra peut-ćtre pas, mais en tout cas on aura des moyens de le dćmontrer et par consequent notre science en sera plus sftre et objective.

Et s’il y a des clichćs rythmiques, comment s'amalga-ment-ils ? Quelle est la pćriodicitć de leur retour sur la scćne ou se chante Tensemble?

Faire pour ces clichćs rythmiques le mćme travail minutieux et methodique que pour les clichćs verbaux. Qu’il faut se łulter de constituer la bibliothćque de ces archives psychologiques si precieuses. La civilisation va tuer les images et le rythme chez nos Berbćres ! (1)

Le Berbere Achquir qui est la devant nous et nous parle, nous le sentons bien, ses lćvrcs et son oreille, tout son ćtre sont balancćs au rythme mystćrieux de ses chants ethniques. L'interroger sur le rythme, vous le de-

vinez, il va nous regarder avec de grands yeux. Et cepen-dant, il sent que tout cela est musical, il s’y complait et chose plus importante, il est portć par tout cela a coup sur. Est-ce inconscient ? Ou quelque chose dont il se rend compte et qu’il se prćcise, prćvient-il son oreille au moment voulu ? Est ce purement instinctif ou y a-t-il la me-moire trćs exacte. ou les deux k la fois, le rythme aidant la mćmoire ? Nos observations jusqu’ici peuvent, nous semble-t-il, nous permettre d’affirmer qu’il y a chez lui autre chose que mćmoire minutieuse.

La civilisation qui va tuer le sens du rythme chez nos Berbćres... je le cVois bien... Mais ils sauront de la gram-maire !... Et ils diront « Bonjour Missieur »...

Nous avons dans nos notes double leęon de quelques chants Ichquen. le texte qui nous a ete donnę par l’hom-me des tentes « ignorant », le tcxtc qui nous a ćte donnć par le « civi!isć » qui sait lirę.

Dans le texte des «savants», le rythme est a chaque instant brutalisć : en apprenant a lirę. ils ont desappris de chanter. Le texte des savants n’a plus ces mots lapi-daires qui sont comme le joyau du chant berbćre, comme son sommet, le tout de ce chant : ces images k resonances lointaines. Mais leur lexte est plus « grammairien »... de la grammaire. Seigneur, delivrez-nous.

Nous proposons k 1’ignorant la leęon du savant. Lui,, nous sommes ćtonnes de voir comment il a le rythme k

1

Qu'on no voie pas 1:\ une simple boutade de quel-qu’un qui pose au « dćoh ilisć » ou qu’on ne eroie pas que nous avo:is ćtć dupes de nos sujets d’expćrience.

2

« 11 se trouve qu une civilisation, plus elle progresse, plus elle perfectionne le discours et par suitę plus elle lui rend difficile, cette docilitć... cette abnegation sans laquelle il n’est pas de poćsie. On sait bien que la prose n’est pas la pre-mićre nće. L’homnie a chantć. je ne dis pas nćcessa i remont avant de parler, mais avant de dlscourir ».

3

Qui ticnt ce langage ? Un civilisć... civilisć jusqu’au l>out des ongles... Henri I»rćmond (Hacine et la Poesic : Nouvel-les iattćraires 28 Dćcembre 1929).

4

« La rćgularitć des pieds et des hćmistiches est d'autant plus parfaite que le lecteur est plus ignorant, c.’est-;\-dire moins influencć par les ćlćments psychologiąues *.

5

Qui tient ce langage ? La science la plus prćcise et sos graphiques les plus rigoureusement exacts (Rousselot : Prin-clpes de phonćtique expćrimentale : Tome U pagc 1091.



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