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Notre tache consiste a reveler, d’une part, des ćlements identitaires, et, de 1’autre, des modes de structuration et de restructuration de 1’identitć; on s’interesse egalement a son aspect multidimensionnel et structurć parce que ses divers aspects ne se juxtaposent, mais, suivant les situations d’interaction dans lesquelles sont impliqućs les individus, auxquelles s’offrent des reponses identitaires diverses, s’integrent dans un tout structurć sousune logique quelconque (Liapiansky,... 1990: 23). Notre approche de 1’identitć se fait alors en termes de stratćgies identitaires, «des procćdures mises en ceuvre (de faęon consciente ou inconsciente) par un acteur (individuel ou collectif) pour atteindre une ou des finalites (definies explicitement ou se situant au niveau de 1’inconscient), procćdures elaborees en fonction de la situation d’interaction, c’est-a-dire en fonction des differentes determinations (socio-historiques, culturelles, psychologiques) de cette situation» (Idem: 24) Le recours a cette catćgorie academique, 1’identite, apparait indispensable au bout du compte, lorsqu’on demande d’expliquer le comportement humain.
L’analyse des facettes de 1’identite couvrira deux temps, ou plutot deux periodes qui constituent des categories imposees tant par les faits exterieurs de naturę historicosocioćconomique que par les attitudes et les comportements des acteurs socioculturels de notre cas etudić.
La premiere periode de leur installation en Grece (1922-1950) et de leur cohabitation imposee, dans un village deja bati d’une region agraire de la Thrace, habite auparavant par des Bulgares, finit avec le dćclenchement de la deuxieme guerre mondiale suivie de la guerre civile en Grece (1944-1949). Dans ce premier temps, la communaute vit plus au moins en autosuffisance en combinant agriculture et pastoralisme. L’argent liquide provient du seul produit mercantile, la culture du tabac, et du petit commerce.
La deuxieme periode commence a partir des annćes ’50 ou notre societe, comme la plupart des societes agricoles en Europę, doit faire face a l’exode rural et a la modemisation. En voie de transition vers le capitalisme pur, elle se presente capturee par les postulats ambivalents de la modemisation, rejetant tout ce qui constituait culturellement la «tradition», au profit des nouveaux envahisseurs comme les nouvelles methodes de communication, des nouvelles methodes educatives, produits qui accompagnent entre autres la haute mecanisation. L’autosuffisance est abandonnće graduellement au profit des produits mercantiles, mettant la societć en situation de dependance de 1’economie du marche. Pourtant la modemisation n’etantpas complete, oblige les acteurs sociaux a la conservation des structures sociales prćcedentes pour 1’organisation de la production (par exemple, composition diverse du groupe domestique par des membres qui resident ou non au village, selon la periode de production), et la reproduction, au bout du compte, de la communaute. Ainsi la societe se trouve dans une voie de transition au capitalisme dans une formę de subsomption formelle, selon le modele de transition chez Mara, elabore par Maurice Godelier. A tout cela il faut ajouter les resultats de la migration exteme dans les annćes soixante, et inteme, vers les metropoles de la Grece, a partir de 1970, qui ont conduit aun devastement des regions agraires en generał.
L’edifice de la distinction «nous et les autres» prend des dimensions enormes, lorsque les evenements historiques - produits des phenomenes ćconomiques, sociaux