Maghreb 70
dans le langage des banlieues de grandes villes franęaises peuplees de majorite des immigres de souche arabe. La langue des cites est caracterisee par des mots provenants de toutes sortes de langues de communautes immigrees. Les emprunts d'arabe forment un vocabulaire particulier, un champ semantiąue englobant le monde des jeunes immigres d'origine arabe. L'emploi de telles formes linguistiąues indiąue leur volonte d'une revolte sociale. Ces jeunes vivent souvent des situations de difficultes economiąues dans la familie et de plus un echec a l'ecole, ce qui augmente leur sentiment d'exclusion du collectif, de la societe des Franęais de souche franęaise. Etant eleves, ils tordent la langue franęaise dans tous les sens et y introduisent des marąues identitaires. Ils veulent simplement se differencier de la formę vehiculaire du franęais dominant, comme explique un eleve d'origine maghrebine au Journal Televise sur TF1:
„On en a marre de parler franęais normal...comme les riches...les petits bourges..."
- „Et pourquoi vous en avez marre?"
- „Parce que c'est la banlieu lei..."1
Pour citer des exemples concrets des mots d'origine arabe: Mesąuin (en arabe miskin, pauvre,) signifie un pauvre type, maboul ou msrot designe un fou, toubab ou roumi (en arabe rumi, un homme europeen) „franęais de souche", shatan/ shitan est la denomination pour le diable. Casbah veut dire „une maison" et doura "une promenade/une viree dans la cite".
Par extension, le mot zetla, tabac a chiquer, a obtenu
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le sens de haschisch. Kif, une expression pour le melange de tabac et de cannabis, a pris le sens plus generał de „plaisir" pour finalement donner chez les jeunes le verbe
Goudaillier, Jean-Pierre, Comment tu tchatches! Dictionnaire du franęais contemporain des citós, Maison neuve et Larosse, Paris 2001, p. 10
2 Idem, p. 18-19