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delicate, ces difficultes paraissent parfois plus menaęantes que dans d’autres societós. Ćcrire sur des prćsidents encore au pouvoir, et qui y sont depuis vingt ans, souleve des problćmes particuliers. Traiter des clivages ethniques ou sectaires au sein des socićtós africaines pose des questions d’un autre type. S’occuper d’episodes explosifs encore proches de nous dans le temps, tels que les assassinats ou les guerres civiles, s’accompagne de contraintes supple-mentaires. Et derrióre tout cela se pose en permanence k 1’historien africain le double problśme de sa vulnerabilitó personnelle lorsqu’il aborde certaines questions et de sa responsabilite envers autrui lorsqu’il s’agit de mesurer 1’impact possible des resultats de ses travaux.
Mais il n’y a pas que la politique intórieure qui impose des contraintes k la recherche historique; il y a aussi, au-deli, l’environnement international et son ćchelle de valeurs.
Au nombre des questions intemationales qui ne peuvent manquer d’influer sur le volume VIII de YHistoire generale de l'Afrique figurę la stratógie du boycottage vis-&-vis de la Republique d’Afrique du Sud. Tout en s’efforęant de recruter les meilleurs spdcialistes de l’Afrique australe pour les chapitres correspondants de son Hisłoire generale de l'Afrique, 1’Unesco a du tenir compte de la stratógie qui veut que Ton ćvite de traiter directement avec les oiganismes universitaires sud-africains, voire avec les chercheurs de natio-nalitó sud-africaine residant en Afrique du Sud. En attendant la levee des sanctions prises par 1’ONU contrę la Rhodćsie/Zimbabwe, des contraintes diplomatiques similaires ont ete imposees aux chercheurs rćsidant dans ce pays. Autrement dit, pour des raisons de stratógie diplomatique intemationale, il a fallu exclure de toute collaboration eventuelle un grand nombre de specia-listes de l’Afrique australe parmi les mieux informes.
Est-il envisageable de prendre en charge des spćcialistes etrangers k l’Afrique australe qui conduiraient leurs recherches sur place ? Est-il possible, dans le cadre de cette Histoire generale de l'Afrique, que 1’Unesco facilite des recherches menees en Rćpublique d’Afrique du Sud ou en Rhodesie/Zimbabwe par des specialistes venus de rextórieur ? II semblerait, 1^ aussi, que la stratógie gćnerale des sanctions exercćes par les Nations Unieś contrę la Rhodćsie implique une politique visant k dćcourager les recherches en Rhodćsie m6me. Aprós tout, on ne saurait faire des recherches sur le territoire rhodćsien sans y depenser de 1’argent, ce qui serait contraire aux sanctions de cette organisation intemationale. De la meme faęon, financer des recherches en Afrique du Sud contreviendrait, semble-t-il, a la strategie globale misę en oeuvre par 1’Orga-