90 Christian Coulon
sous une formę exhaustive de toutes les approches possibles. Nćanmoins, ignorer le problćme, faire comme s’il n’existait pas, comporterait, k mon avis, le risąue de limiter considćrablement la portće et Tintćret de Touvrage.
Je pense en effet que la richesse de l’historiographie africaine, et plus largement celle des Sciences sociales africanistes, vient de ce qu’elle fait l’objet de dćbats qui, dans la mesure oii ils ne dćbouchent pas sur des clivages mais sur des ćchanges, sont susceptibles de faire progresser nos connaissances sur l’Afrique. Ces dćbats doivent etre, bien sflr, vus dans leur dynamique, car les ćtudes africaines ont ćvoluć en fonction de l’environnement social, ćconomique, politique et culturel dans lequel elles se situent. Jean Copans a fort bien montrć ce phćnomćne dans son article sur la pćriodisation des ćtudes africaines1. Ce qu’on a appelć la dćcolonisation des ćtudes africaines, en particulier, tćmoigne d’un changement global et profond dans la faęon d’envisager 1’ćtude des socićtćs africaines. Ce problćme de la dćcolonisation des Sciences africanistes mćriterait certainement d’etre pość en tant que tel dans l’ouvrage sur 1’histoire contemporaine de l’Afrique.
Afin que ces problćmes prennent pleinement leur place dans notre projet, il serait sans doute souhaitable :
Qu’une introduction (ou un chapitre prćliminaire du volume) soit consacrć & l’ćvolution, k la crise et au dćveloppement des Sciences sociales africanistes et aux dćbats qu’elles suscitent. II me semble qu’un petit groupe de travail pourrait se constituer qui s’attacherait k prćsenter les termes et les enjeux de ce problćme.
Que les rćdacteurs des diffćrentes contributions s’accordent sur 1’esprit gćnćral du volume et meme sur une problćmatique d’ensemble qui laisseraient cependant toute la place aux initiatives et k 1’approche particulićres de chacun.
II me semble que ce cadre gćnćral d’analyse doit reposer sur une conception de 1’histoire exempte de tout mćcanisme ou ćvolutionnisme. II ne faudrait donc pas prendre le modele Occidental comme ćtalon et outil mćthodologique de Thistoire africaine. Comme 1’ćcrit si bien le sociologue nigćrian O. Onoge :
« Les ćtudes sur la modemisation et le dćveloppement procćdent, dans leur immense majoritć, k une analyse psychoculturelle — par exemple lorsque, dans les ćcrits de l’ćpoque coloniale faisant autoritć, les cultures africaines sont considćrćes comme les principaux obstacles au dćveloppement. Toutes les institutions subsidiaires (familie nuclćaire, gouvemement bipartite, bureau-cratie dćpolitisće, etc.) que l’on trouve dans les socićtćs capitalistes passent pour des ćlćments nćcessaires du dćveloppement. Bref, la vision d’une Afrique dćveloppće est calquće sur la culture et les formes d’organisation sociale de
Jean Copans, « Pour une histoire et une sociologie des ćtudes africaines », Cahiers d'ćtudes africaines, vol. XI, n° 43, 1971.