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« fond de toutes les graves transactions diplomatiąues.
« La paix de Westphalie avait ete une premiere ten-« tative de pacification, le traite de Yienne en a ćtó « une autre (1). *
Puis, apr&s avoir citd le traitć de Paris de 1856, M. de Lavergne ajoute : « Kous nous rapprochons,
< comrae on voit, des idśes de 1’innocem reveur, la « chimere prend insensibleraent un corps. II ne s’est
< ścoule que cent-cinquante ans depuis que 1’abbd de « Saint-Pierre ćcrivait; c’est bien peu pour faire « triompher un projet si contraire k toutes les habi-« tudes du passó. »
Des deux interprótations k donner au principe de 1’arbitrage International, ce n’etaii pas vers la plus restreinte, celle de Grotius, mais vers la plus absolue, celle de 1’abbś de Saint-Pierre. que devait naturelle-ment incliner le philosophe de la raison pure. C’est dans cet esprit, en eflfet, qu’en 1795 Kant publia son essai philosophique sur la paix perpćtuelle (2).
(1) Comple-rendu des traiaur de CAcademie des Sciences morales et poliiiques, livraison d’ao£U 1869, t. LXXXIX dc la col-leclion, page 227.
(2) Nous croyons devoir donner ici le texte des six articles pre-liminaires et des trois articles definilifs dont se composait son projel.
« I. — On ne regardcra pas corame »alide le traite de paix, ou les parties se reserreraient tacitement la matiirc d'une nouvelle guerre.
* II. — Aucun Ćtat independant, grand ou petit, ne pourra passer sous la dominalion d‘un autre Etat, ni par succession, ni par ćchange, ni parachat, ni par donalion.
< III. — Les armćes reguWres et permancntes doivent fitre enliftrement supprimees atec le temps.
( iv. — On ne contractera aucune dette nationale en vue de se
Toutefois si Kant croit & la possibilite do la paix pcrpćtuelle.ilestplus reservćquerabbede Saint-Pierre. Ce n’est pas a ses yeux un probleme dont la solution puisse etre prochaine, mais qu'il faut esperer seule-ment du mouvement progressif de la civilisation dans un lointain avenir.
L’abbó de Saint-Pierre s’appuyait surtout sur les avantages ćconomiques, industriels et commerciaux que les peuples avaient a retirer de la paix, et qui devaient les determiner h en consacrer et perpśluer laduree. Sansmćconnaitre Tiraportance de ces interets matćriels, Kant se preoccupe principalement des in-tórets moraux de Phumanitó.
ChezTabbe de Saint-Pierre c est le point de vue de róconomiste, chez Kant cest celui du moralistę qui veut le recours &l’arbitrage, parce que la force brutale ne peut pas plus etre une voie de droit entre les peuples qu*entre les individus.
procurer des ressources pour defendre les intirtts de PĆtat au dchors.
< V. — Aucun fltat n’interviendra de force dans la constitution ou le gouvernement d'un autre Ćtat.
« VI. — Aucun £tat en guerre avec un autre ne se permettra des hostilites qui auraient pour consequcnce de rcndre impossiblc la confiance reciproque a 1‘heure ou Ilon sopgera a la paix : telles que 1’emploi d’assassins ou d’empoisonncurs, la riolation dune capitulation, 1’encouragement a la trabison danslĆtat envahi. »
Articles definilifs :
« I. — La conslilution de chaque Ćtal doit £tre representatire.
« II. II faut que le droit des gens soitfoudć sur une fćderation d’£tats libres.
« III. — Le droit cosmopolite se bornera aux conditions d*une hospitalitć unirerselle. »