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La Rćsistance dans les pays occupćs par 1'Allemagne ne mettait pas k rude dpreuve la perspicacitć historiąue des hommes d'Etat allićs. Lk, le rćgime de Hitler s'appuyait avant tout sur la force pure, sur la prćsence de for ces armćes, qui śtait exclusivement la consóąuence d'une campagne perdue, et les uniformes comme les mesures des vainqueurs ćtrangers montraient quotidiennement k la population que les troupes allemandes et les organismes d'occupation ne representaient non seulement un syst&me politique ćtranger k sa mentalitć, mais d'abord et avant tout 1'ennemi du pays, pour le moment vainqueur. Cela ne pouvait pas empecher la nais-sance de tendances et de groupes opportunistes, mais elle servait en gś-nśral de base solide k ce sentiment de solidaritć evident qui s'ćveille tou-jours, dans les peuples battus et soumis qui espfcrent encore en un change-ment de leur destin. Ce sentiment de solidaritć rćveillait et nourrissait k son tour le sentiment national naturel et justifić qui s'insurge de faęon instinctive et ślćmentaire contrę les violations d'une puissance ćtrang&re sans avoir besoin d'autres justifications politiques ou ćthiques. En d'au-tres termes: la rćsistance crćće en dehors de 1'Allemagne se dćfendait contrę l'expansion d'une dictature totalitaire et contrę 1'idćologie nationale-socialiste, mais non moins contrę l'expansion de 1'Allemagne; et si cette rćsistance a ćtć conęue de plein droit comme un mouvement europćen generał pour la dćfense de 1'humanitć et des idćes dćmocratiques libćrales contrę une formę dćterminće du totalitarisme, elle se divise d'autre part en diffćrents mouvements de libćration nationaux 0C1 1'impulsion, indćpen-dante d'un syst£me gouvernemental et d'une ideologie, k se dśbarasser de la domination ćtrang&re, jouait un róle d'importance ćgale. La tache poli-tique concr&te de rśtablir la libertć et la souverainetć de l‘Etat lui-m£me, accompagnait dds le dćbut le grand but: sauver les valeurs spirituelles et politiques de la civilisation europćenne des attaques d'une soi-disant "Wel-tanschauung" inhumaine; on peut m£me dire que le grand but ne pouvait etre atteint que par 1'accomplissement de cette tSche concr&te. Des intd-rets universels et nationaux non seulement s'harmonisaient, mais encore cdlncidaient. Cela vaut dćj& pour les pays de 1'Europe de l'est et du sud, dans lesquels la tradition dćmocratique laissće par 1'empreinte anglo-saxonne et franęaise ćtait plus faible, mais k la place de laquelle rśgnait un amour ślćmentaire de la libertd. Meme dans les groupes communistes, comme par exemple 1'armće des partisans de Tito, 1'impulsion socialiste rćvolutionnaire dtait teintće et souvent superposće par un patriotisme tournd vers la libćration nationale. Qui entrait dans la Rćsistance, ne pouvait donc pas £tre entrainć dans un conflit de principe avec la loyautd due par chaque citoyen ci son pays et & son Etat; il n'avait nul besoin de se libśrer de ce qui śtait jusque-l& ses liens et traditions politiques. Au contraire, la voie vers la Rćsistance ćtait, pour l'exprimer de faęon exa-gćrće, la voie politique "normale", bien que cette voie ne pQt pas £tre utilisde par la grandę masse dans les pays occupćs, vu la puissance domi-natrice des vainqueurs.
Le caract&re normal de la Rśsistance ainsi compris se montre de faęon ćvidente dans le fait que les peuples pris dans la zonę d'influence de