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recele une contradiction interne que notre col-legue pourra peut-etre resoudre mais devant laąuelle, ąuant a moi, mon raisonnement s’ef-fondre et que je ne peux pas rencontrer, quelque bonne volonte que je puisse apporter.
J’en ai termine avec mon premier propos qui etait de rencontrer quelques-unes des observa-lions des orateurs qui m’ont precede a cette tribune et qui me paraissaient meriter d’etre relevees.
Mon deuxieme propos sera, si je puis dire, de combler ce qui m’a paru — les journalistes m’excuseront — une insuffisance dans les infor-mations qu’ils ont recemment apportees.
Samedi et dimanche dernier, dans cette meme salle, grace a la bienveillance des services, une assemblee officieuse s’est reunie. La presse n’y a guere fait echo. Or, j’ai la faiblesse de croire que cette reunion etait importante; elle groupait tous les membres socialistes de cette Assemblee ainsi que les representants les plus qualifies des executifs des partis socialistes des six pays participant a la Communaute
Je ne veux pas vanter 1’opinion a laquelle j’appartiens; je crois, cependant, qu’elle repre-sente un courant de pensee suffisamment im-portant pour meriter la curiosite et 1’interet de notre Assemblee. Or, il se fait que, sur 1’objet qui nous occupe a 1’heure presente, les representants les plus qualifies des executifs des six pays et les membres socialistes de cette Assemblee ont, a 1’unanimite moins deux absten-lions, adopte une resolution dont je vais avoir lhonneur de vous donner connaissance.
Cette conference declare, d’abord, qu’elle considere que « l’61ection au suffrage univer-v sel direct de 1’Assemblee parlementaire euro-» peenne repond a un imperatif de la demo->' cratie. » C’est dire deja que sur le principe essentiel qui a 1’heure actuelle, concentre nos travaux, il y a un accord absolu et, plus encore, un imperatif. La confśrence l*a considere com-me une necessitś.
Elle ajoute qu’elle recommande avec force aux membres du groupe socialiste de 1’Assem-blee — car, heureusement, elle laisse encore aux hommes la liberte de pensee, de reflexion, les imperatifs de conscience et la liberte qui doit en resulter — de se prononcer en faveur d’elections rapides.
Je m’arrete un instant sur ce dernier mot. Je crois, malgre tout, que nous pouvons pour-suivre nos travaux avec serenite. Au cours des
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reunions du groupe de travail — auxquelles j’ai participe dans les conditions que j’indiquais tout a 1’heure, j’ai entendu plus d’une fois mon ami M. Dehousse repeter qu’on pourra faire les elec-tions peut-etre en 1962, mais surement en 1963.
Je veux bien, mais son optimisme depasse Ie mień. Je crois, Monsieur le President, que dans les cinq annees qui viendront nous pou-vons esperer cette operation politique. Nous devons y travailler de notre mieux et je crois que la Conference des partis socialistes a eu rai-son de proclamer qu’il fallait se prononcer en faveur d’elections rapides.
Nous devons poursuivre notre effort dans la recherche de conditions, de mises au point, d’etudes et d’agencement aussi parfaites que possible. II vaut mieux faire tres bien, en met-tant trois mois de plus, que moins bien avec trois mois de moins.
C’est donc en toute serenite que je poursuis l’examen du texte adopte par cette conference. Celle-ci formule une autre idee : si le principe est formel, clair et si direct qu’il se passe de tout commentaire, cela ne veut point dire que cette conference a laquelle je fais allusion se soit prononcee sans reflexion et sans hesitation. Je veux m’expliquer a cet egard.
Monsieur le President, il est abusif de preten-dre que 1’Assemblee que vous presidez avec tant d’autorite soit sans pouvoir, comme certains en repandent volontiers la legendo. Ce qui le prouve, c’est le seul fait que nous avons procedć il n’y a guere longtemps a la revision de 1’article 56, acte dont il serait tout de meme insense de ne pas mesurer comme il convient les consequences economiques et sociales et qui constitue l’exer-cice d’une veritable autorite legislative et quasi institutionnelle.
S’il est donc faux de pretendre que, sur base de 1’article 56 du traite, 1’Assemblee, dans de telles conditions, n’a pas de pouvoir, on a le droit d’estimer — c’est mon propre sentiment — qu’elle ne dispose pas de tous les pouvoirs qu’elle devrait avoir et que des lors il nłest pas anormal que, dans une partie de Topinion pu-blique socialiste, le sentiment soit ne que, mobi-liser cent millions d electeurs pour se prononcer sur des pouvoirs consideres comme trop minces, etait peut-etre une operation inquietante. Que cette meme conference socialiste ait demande que nous poursuivions un effort afin que d’ici au moment des elections, les pouvoirs donnes a cette Assemblee soient plus denses, plus substan-tiels, plus etendus, c’est la, je pense, un vceu le-gitime qu’il faut s’efforcer de satisfaire.
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