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lis existent plusieurs faęons d’articuler ce langage et il y a distinction k faire entre maniere et style « La phenomenologie pure du cinema n’est jamais vraiment pure. La confrontation avec le donnę cinómatographiąue intendent a un moment ou a un autre, en sorte que se pose toujours le probl&me de l’extrapolation d’une philosophie de la conscience k un objet qui ... (est) ... irremediablement devenu une oeuvre au sens large, une composition textuelle54». Chez Pasolini, on va jusqu’& qualifier et definir 1’objet dans le cadre comme moneme, au-dela meme i mouvement (le syntagrae) et 1’arret ou 1’entre plans, le paradigme chez Deleuze. Dziga Vertov ne pouvait quant a lui trahir de cette faęon 1’esprit de la lettre du reel: « Vertov, c’est l’expression orthodoxe du documentaire, bien plus proche de 1’actualite que de la fiction... Nous divergions sur un plan (avec Joris Ivens): est-ce que Ton peut faire des reconstitutions, des mises en scene? Je disais qu’on pouvait ... Lui s’y opposait55». Jean Vigo, quant a lui, faisait parfois en sorte que le sujet filme ne se rende pas compte de sa prćsence, comme nous pouvons voir dans le film A propos de Nice. Chaque cinćaste imprime ses propres inflexions au langage. Dans le documentaire, s’il use de mise-en-scene, s’il travestit les lieux de toumage, s’il demande au protagoniste de refaire une action, on dira que c’est une maniere de faire, ici synonyme de faęon de proceder. Flaherty, Perrault et les jeunes cineastes autochtones d’aujourd’hui, tel Kevin Papatie detoument le discours « vćrace » pour conter une histoire sur un modę « impressionniste » ou hyperrćaliste, usant de mises en scene pour donner a comprendre. Voil& differentes faęons de faire, di irentes manieres de toumer. Cet ćtat d’etre se perpetue jusqu’a nous avec des auteurs de ma genćration tels Sylvain L’Esperance et Lucie Lambert, cineastes du poetique et de la parole, qui marchent encore aujourd’hui dans les traces de Perrault, decouvrent VAutre, le Quebec et le monde. « Alors, le cinema peut s’appeler cinema-verite,
54 CHATEAU D, 2005, Le cinema est-il phenomenologiąue?, in Cinema et philosophie, Paris, A.Colin.
p.120
DEVARRIEUX C, 1979, Entretiens avec Joris Ivens, Paris, Albatros, in GAUTHIER G, 2008, Le documentaire un autre cinema, Paris, Armand Golin, p.l51