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vieiUe croyance58. U semble qu’il existe plusieurs similitudes entre le chamanisme chinois et celui des Amerindiens.
Parmi les minorites chinoises du nord-est de la Chine, la veneration et le culte de la naturę constituent le fondement du chamanisme : on croit que tous les etres (les animaux, les montagnes, les fleuvest les arb r es et les herb es) sont animes et que les ames sont immortelles59. C’est pourquoi le chaman est considere comme Tintermediaire entre le monde humain et l’univers divin : il cherche a se concilier les forces surnaturelles et a vaincre le demon pour favoriser la chasse, la peche et ragriculture, ou encore pour guerir les maladies causees par des esprits. Toutes ces caracteristiąues du chamanisme chinois presentent ainsi de grandes similitudes avec les croyances et les pratiques amerindiennes60.
Toutefois, contrairement au pretre d’aujourd’hui, le chaman partage tous les travaux de sa communaute. U participe aux activites de peche et de chasse comme tous les autres membres; il se fait medecin pour traiter des maladies et pratique aussi les activites religieuses. C'est cette fonction religieuse qui, selon nous, le distingue des autres autochtones. De fait, le terme designant le chaman en langue montagnaise, « Mantouisiouekehi» ou «Manitouisiou», peut offrir un argument a Pappui de cette affirmation61. On sait que le mot «Manitou» designe une force sumaturelle: le « Mantouisouekehi » ou «Manitouisiou» derive probablement de ce terme et designerait une personne possedant un certain pouvoir sumaturel62 ou qui communique avec le « Manitou »63. Les Amerindiens considerent que les chamans sont dotes d’un esprit tout-puissant, auquel ils peuvent faire appel a tout moment 64ł aliant parfois jusqu'a «tuer les
58 Outre ces minorites. Particie de Remi MATHIEU, « Chamanes et chamanisme en Chine ancienne » porte sur le chamanisme parmi les anciens Chinois en gćneral (L Homme, janvier-mars, 1987, XXVir annee n° 101, Paris, Laboratoire dłAntropologie sociale. p. 10-23).
59 FU Yuguang et MENG Huiying \fanzu [...], 1991, p. 2-3, 22. 258..
60 Sur le chaman amerindien. voir HULTKRANTZ, Les Religions [...], 1963, p. 84-101, et EL LADĘ, Le chamanisme [...J, 1983. p. 232-267.
61 Relations des jesuites. 1972, voł. 2. 1637, p. 47, 49 (Relation de LE JEUNE) ; BEAULEEU, Convertir les fils [...], 1990. p. 35-36.
62 TRIGGER. Les Enfants dAataentsic, 1991, p. 61-62 ; HULTKRANTZ, Les Religions [...], 1963, p. 84.
63 HULTKRANTZ. op.. cit.r 1963, p. 48.
64 TRIGGER Les Enfants dAataentsic, 1991, p. 58.