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Farriere-plan (la proie) dans la meme image ou encore cette (hallucinante) scene de la chasse au phoąue, dans un montage anthologiąue qui n’a surement pas deplu k Hitchcock, ou Flahcrty rassemble deux differentes joumćes de toumage en une seule unitę temporelle ; la seąuence de la remontec de la proie dure ąuatre minutes trente secondes, dans un montage haletant, avec trois axes au total, le troisieme servant a nous faire voir des secours qui n’en finissent plus d’arriver.
Cette formę de fiction de Flaherty, dont il nous donnę les cles des la sequence d’ouverture, traduit bien la grandę complicite qu’il a avec son sujet, dans une premiere formę d’observation participante. Mais il ne faut pas la confondre avec Finteraction qu’il y aura plus tard dans le film de proximite, oh non seulement le protagoniste interagit avec le cineaste, mais dont il est aussi le materiau explicatif; le signifiant et le signifie formant dans les deux cas les pierres d’assises de mouvement poetiques aliant toucher k 1’essence meme de 1’humanite.
« Flaherty pour son compte traitait bien en apparence de faits ethnographiques, mais nous avons vu, qu’au-dela de ce decor, il construisait les images d’une aventure se faisant passer pour universelle et se legitimant ainsi, celle de 1’homme Occidental dans son projet pour maitriser le monde: il s’agissait pour lui d’atteindre a Tessence des phenomćncs designes dans leur singularitć*9».
Et cela se produit dans ce dialogue engagć entre le cineaste et son sujet, au-d< i de l’exotisme montrć, alors que ce dialogue ouvre vers une voie commune, celle de la grandę aventure humaine. Voila qui, malgre ;s reproches que d’aucuns ont fait au film en se demandant si un film fictif pouvait etre ethnographique, classe ce film en tete de listę des films dits ethnographiques.
69 PIAULT M. 2000, reedition 2008, Anthropologie et cinema, Paris, Tćtraedre. p 86.