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De plus, en face de cette menace, les chefs de familie refu-sent de se separer de terres non utilisees actuellement par crainte de les perdres definitivement. Cette attitude paralyse lfextension des cultures et le renouvellement des techniąues agricolesi Enfin, toute personne qui peut avoir un droit quelconque sur la terre en fonction de l*une des quatre temporalites que nous avons dćcrites tente d'utiliser toutes les ressources de la procedurę pour entrer en possession des champs afin d*arrondir, en prśvision de l*avenir, son patrimoine. Or, on peut trouver face k face les reclamations des laman ou des boromngadio en fonction de leurs droits posses-sifs des descendants d*anciens administrateurs royaux, selon de pseudo-titres patrimoniaux, de serigne, etc ...
Socialement et politiquement, cette situation est mauvaise. Troublant les esprits elle peut etre une cause de lfech.ec des futu-res coramunautśs rurales qui ne pourront construire des institutions nouvelles sur des oppositions et des rancunes trop affirmees.
On aperęoit par ce biais une des faiblesses de la politique l£gislative de l*Etat senogalais : faute d*avoir pu conduire a temps lfensemble des etudes locales et d'avoir mćdite les proble-raes dfapplication et de rśception du droit nouveau avant de voter la loi, on se trouve devant un goulot d*etranglement dont on ne peut echapper qu’en intensifiant les etudes expśrimentales sur les six terroirs-tests regionaux. Dans la zonę arachidiere comme dans la vallee du Fleuve ou en Casamancc, la situation fonciere est as-sez grave pour que la priorite soit accordee k la resolution des tensions anciennes et nouvelles.
Conclusions au chapitre III
Les conclusions que nous pourrions tirer des pages preceden-tes peuvent se ramener a la ąuestion suivante. Devant lłimperieuse necessite du developpement economique et social du Senegal, ses rcsponsables n'ont-ils pas choisi une voie harmonieuse dans ses principes mais pleine de desequilibres internes dans ses effets ? Par la nous voulons faire remarquer 1'opposition qui semble diffi-cile a surmonter k utiliser des methodes occidentales sans etre victime en meme temps de leurs implications, en particulier de lyinsertion du temps comme durde dans* le calcul des modalites dłac-tion. On peut "craindre d’abord que le maitre de terre ne souffre le plus de la ref ornie en supportant directement les mesures nouvelles, ensuite que le nouvel affectataire defini dans 1’article 15 de la loi ne soit considere que comme une cinąuieme categorie de respon-sable et qułainsi la reformę ne remplisse pas son role simplifica-teur ; enfin et surtout que ce nouveau cadre ne soit vide puisqu’il echapperait partiellement ou totalement aux concepts wolof, l*agri-culteur continuant k se referer aux normes traditionneTles’ heritees du passe.
Comment rendre le Mtemps du developpementn createur dfave-nir ? Le nouvel affectataire ne deviendra un maitre de terre par-faitement integre dans la strućturę sociale que sfil peut emprunter aux autres catśgories de responsables certains des traits qui ca-racterisaient leurs competences (personnalisation des rapports en-tre responsables administratifs et agriculteurs, protection des droits acquis justement utilises, interessement au travail par un regime fiscal assez simple pour favoriser la production et la capi-talisation de 1'outillage) sans en reccvoir les inconvenients