5 LES ELEMENTS LATINS DE LA LANGUE ALBANAISE 9
le neutre s’est rarśfió de plus en plus et n’a lalssć que de rares traces dans les langues romanes 2#.
Aux acąuisitions antśrieures on peut adjoindre les considśrations suivantes dont il rósuitę que certains ólćments latins de 1’albanais sont plus. anciens que ceui correspondants de la langue roumaine ou des autres langues romanes.
Le latin cingula «sangle» a pónćtró chez les ancetres des Albanais & une śpoque plus ancienne, avec -u- non syncopś (aujourd’hui gingćle> tandis que dans les langues romanes a persistś la formę syncopśe cingla et en roumain sa mśtathese, c’est-a-dire *clinga > chinga. Certains emprunts latins de l’albanais ont a la base des formes simples et le roumain n’a conseryś que leurs dśriyśs, ce qui dśnote dans une certaine mesure soit un stade relativement plus śvoluś, soit un caract^re plus populaire des ^lćments latins de la langue roumaine. Os a persistó dans 1’albanais vesh «oreille», alors que toutes les langues romanes sont les eontinuatrices du diminutif auricula. Par « semblable » (pluriel paria « paire »), en albanais par « paire », est antśrieur au dórivś paricula, tardivement attestó dans les sources latines 27 et hóritś en roumain (pdreche) et dans d’autres langues romanes. Rete «rśseau, filet» a persistó dans 1’albanais rjet et les langues romanes occidentales, mais le roumain refea se tire du dórivó retella. Dans 1’albanais shpine «śchine, dos » et la majoritś des langues romanes occidentales a survścu spina, tandis qu’en roumain (spinare) et dans certains parlers rhśto-romans c’est le dćrivó spinalis 28 qui a triomphś. L’adjectif vescus, -a, -um «faible, mai nourri» apparait rarement dans les teites latins 28 : il a ótó hśritś par endroits dans la Peninsule ibórique et est passó chez les ancetres des Albanais (veshkem «je me flśtris »), maispour le roumain ve?ted «flśtri, fanć », il faut partir d’un dórivó hypothśtique *vsscidus. La descendance de vetus « yieui » et de veteranus «vśtśran » a, dans les langues romanes, la signification de «vieux, ancien». Mais en latin, le sens de «yieui » de veteranus (vetranus) est apparu relativement tard. Chez les ancetres des Albanais a pśnśtró l’adjectif vetus, veteris (i vjeter), alors qu’en roumain, langue formóe sur des territoires de frontióre de 1’empire, c’est netranus « yieui» qui s’est maintenu.
Quelques emprunts latins de 1’albanais trahissent des caracteres archaiques en comparaison aussi avec les langues romanes occidentales. U a eiistó en latin des formes paralleles : caries, caria «putredo lignorumr
*• E. Cabej, « Revue roumaine de linguistique », VII, 1962, p. 167.
27 J. F. Niermeyer, Mediae latimtatis Lezicon minus. Lezięue latin medieual — fran-ęais/anglais. Bnll, Leiden, 1954 — 1965, p. 764 : damus terras cultas... ad duos pariculos de boueSy. dans le sud de la France, vers Pan 1072.
2i Corpus glossariorum Laiinorum, Leipzig, 1888 —1923, III, p. 394, 67: rachis spinalis,» 29 A. Ernout, A. Meillet, Dictionnaire etymoloqique de la langue lahne. Histoire des mots. 4e ćd., Paris, 1959, p. 728.