7 LES ELEMENTS LATINS DE LA LANGUE ALBANAISE 11
furent choisis aussi des noms particuliers34. Manubrium «poignóe, manche », yieux mot attestó chez Plaute, a survćcu en albanais (meru, articulś meruri) et, dans quelques dialectes italiens, mais en latin commun et dans la majontć des langues romanes c’est un terme rusti que mamca (en roumain mineca) 35 qui s’est imposó. En roumain (l&uruęca), en albanais {larushke), en Italie centrale et en Sardaigne a persistó labrusca «vigne sauvage, fruit de la yigne sauvage », mais dans le reste de la Romania c’est lambrusca, crśation secondarre, qui s’est imposó. II en est de meme de pepo, pepinis, «sorte de gros melon » maintenu en roumain (pepene) et en albanais (pjeper, pjepen), tandis que le toscan popone et le vieux franęais popon dśrivent d’une formę latine plus rócente {pepo, -dnis)36. L’adjectif vitricus « du paratre » a survścu en sardę, en albanais (viterk, vitrek) et en roumain (vitreg), mais en Occident c’est filiaster qui s’est imposś. En latin la formę vomis « soe de cbarrue » śtait antórieure a la formę vomer, refaite sur les eas obliques. La formę plus ancienne vomis a pónśtró chez les ancetres des Albanais (guegue, umb, um), mais sans laisser de traces dans les langues rorqanes qui ont seulement hóritś la yanante plus rócente vomer37.
A la diffśrence du roumain qui a yu persister ou se dćvelopper par pne voie indśpendante des composćs de ad-, ex-, in-, les ćlóments latins de 1’albanais nous renvoient a une phase plus ancienne de la langue latine, caractćristique notamment de la langue littóraire de la fin de la R4publique. Le latin colare « glisser » a donnś en albanais kullonj, tandis que le roumain a strecura part du, composó extracolare ou peut-etre transcolare. En albanais persistę le classique renovare {arnonj) et le roumain connait aujourd’hui un dśrivó de 1’adjectif non < novus, a savoir a innoi. On rencontre encore en albanais d’autres mots courants en latin classique, tels ruinare > rrenonj, salvare > słielbonj, sanare > sheronj, turpis > U rp<\ honte », via > vi, vije, alors que le roumain a sólectś pour les notions correspondantes des termes populaires ou mćtaphoriques comme extrieare > a stńca« dótruire », *excap-pare > a scapa «s’enfuir », *rosionem > ru§ine«honte », callis > cale,«voie»38
34 N. Jokl, « Balkan-Archiy », IV, 1928, p. 195 — 196.
35 W Meyer-Lubke, REW, 5333.
38 Idem, 6395.
37 Ernout —Meillet, p. 752.
3i Cuvintul tncae, -arum « nens, yetilles, embarras, ennuis » etait usite dans des cercles <le familie Eztncare «tirer d’embarras, debarrasser, dćgager » appaialt d’abord chez Columelle (III, 11, 3), puis dans les glossaires (CGL IV, 340,6 cxtncavit profligauit; IV, 382,2 prostrauit profhgauit eztncauit), dans les glosses de Reichenau (eztncat . cffugat, dtpellal, K Hetzer, Die Rcichenaucr Glosscn. Tcxtkntische und sprachhchc Untersuchungen zur Kenntms des uorlitcran-schen Franzosisch, Halle, 1906, p 173) et dans les textes mćdićvaux (J H. Baxter — Ch Johnson, Medicual Latin world-list from Bntish and Insh sources, Oxford, 1934, s. v ). Roseus a donnę en roumain roę, et un supposć *roszo, -onis a pu prendre naissance en latin. Cappa « chape » apparait dans les textes tardifs *Excappare signifiait « retirer son habit et s’enfuir *. En italien, scappare « fuir, s^nfuir d est attestć du XIV* sifccle. Le roumain a sc&pa apparait comme tran-sitif et intransitif