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§ 2 - Le chef de terre integre au pouyoir royal
A partir du XVIe siecle, des facteurs internes et externes renverserent la tandanoe assimilatrice et aboutirent a une politi-que qui fut k certaines epoques anti-islamique : en effet, les consequences de la conquete almoravide s’etaient peu a peu atte-nuees dans la zonę sahślierme occidentale et les pressions maure, peul et toucouleur sur les confins nord-est du pays wolof se re-lacherent. La disparition du danger de guerre Sainte permit a la noblesse de revenir sur ses conversions politiques anterieures et de distendre les alliances conclues avec les royaumes de la vallee du Senegal. Interieurement, mais sans que lfon puisse dire que cela soit le resultat des facteurs "internationaux“, la desintegra-tion de 1'empire du Bourba Djolof a partir du milieu du XVIC siecle * et la creation de royaumes independanś allait contribuer aux re-flux de lfIslam. Car les "champions" de 1*Islam en pays wolof se trouvaient au Djolof, royaume dont le role sfefface a partir de cette epoque. Dans les autres etats, la presence de ces der-niers ne sera acceptee que si elle etait inoffensive et qu'elle favorisait politiąuernent les monarchics. Au Cayor, en particulier,
1*installation des serigne est specialement importante dans la zonę nord-est (le Diambour) qui est le plus directement en contact avec les autres etats musulmans.
Dans les autres regions, les marabouts durent composer avec les pouvoirs locaux qu'ils servirent dans 1’interet bien com-pris de chaque partie.
Dans la mesure ou leur fonction enseignante devint mineu-re, et leur impact religieux reduit, ils se reconvertirent soit en agents locaux de 1'autorite royale. C*est ainsi que A.B. Diop nous decrit sous le titre de serigni lamb (c1est-a-dire de raara-bouts au tambour) les responsabies de !,commandements militaires dchelonnes le long de la frontiere et confies aux chefs de grands-bourgs. Ils avaient on tambour ou lamb qu*ils faisaient battre a 1’occasion" p. 503. Cette fonction leur est confiee parce que leurs residences sont proches des zones frontieres. Nous savons par ailleurs (Geismar (1933) passin et Pelissier (1966) p. 125) que Mces serigne a caractere feodal et clerical" sont les attribu-tions de grands dornaines fonciers (les terres Lew u sarak) qu'ils administrent au nom du bur0 Ils sont alors assimiles aux kangame ou aux diaraf cf„ titre II, chap. I, Sect. III, § 4. Leur puissan-ce peut aussi etro basee sur dfautres facteurs. Les uns sont issus de leur culture en langue et ecriture arabes qui en font de grands commis rechercbes par le pouvoir central (cf Pelissier (1966; P. 313/314), les autres ont pour origine les croyances en un pouvoir magique du marabout et en un Mbesoin de signes visibles chez des populations encore proches de 1*animismeH, selon 1*expression^ d'A.B. Diop (1960) Pc 493. Cet auteur ajoute:"dans toute societe noire, 1’aniraisme conduit au fetichisme et le feticheur est lłin-tercesseur^tout-puissant". Cbaque familie maraboutique a sa spe-cialite draraulettes (les gri-gri) qui sont des "objets divers agissant sur lęimagination du Client et creant chez lui la con-fiance" dans les procddes et prieres du marabout. Or les princi-paux clients sont les nobles (3) et les guerriers, ceux-l& memes
(3) les membres des lignages royauix et les administrateurs de province dont les laman.