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g6res. On reconnait la 1’attitude d’une sociśtś traditionnelle par excellence, dont tous les moments sont rśglementśs et toutes les prśoccupations rigoureusement tracśes. C’est justement cette attitude qui frappe l’esprit libśral des voyageurs europśens au eontact d’un modóle de vie qu’ils ayaient de la peine a concevoir.
La conception traditionnelle de l’śducation n’śtait du reste pas diffórente dans le camp chrśtien, ou elle s’appuyait sur des convictions analogues quant a l’impact de la doctrine — mśtaphysique — sur la vie tant individuelle que sociale. Chaque fois que le Patriarcat cecumśnique a pu exercer ses charges śducatives, il a veillś a ce que l’instruction, tant des laics que des ecclśsiastiques, restat subordonnśe a la tradition de 1’Eglise. Un acte patriarcal de 1593 fait savoir : «Le Saint-Synode ordonne a l’śveque de chaque diocese de veiller sur 1’instruction publique et de faire les dśpenses nśeessaires, afin que les lettres divines et sacrśes ne cessent pas d’etre enseignśes; II viendra au secours de ceux qui vou-dront -bien enseigner, et de ceux qui dśsirent apprendre et qui n’ont pas de ressources. »76
Le siege de 1’dducation orthodoxe elśmentaire śtait 1’śglise et le monastóre. Si on compare ces ćcoles aux institutions d’enseignement modernes, on ne peut les considćrer que du premier degrś : tout ce qu’on y apprenait, c’śtait a lirę et a ścrire, plus des notions de catśehisme et de pratique liturgique. Un examen minutieux mene a la conclusion que ces gymnases traditionnels ne peuvent soutenir la comparaison avec les institutions d’aujourd’hui. Certains d’entre eux existent du reste encore et continuent a produire une categorie anachronique d’intellectuels moyenageux, qui peuplent les monasteres orthodoxes des Carpates auMont Athos, peu au courant de la culture contemporaine, mais fort versśs, en óchange, dans les subtilitós d’une serie de disciplines dśsuótes, comme la musique byzantine, la thśologie liturgique et la thdologie pastorale.
A l’exception des dldments d’dcriture et de catdchisme, enseignds suivant une conception dducatiye dont fait ćtat, un siacie plus tard, la Pedagogie chrśtienne de Grśgoire de Moldavie — le dernier et peut-etre l’unique manuel d’śducation hśsychaste que nous connaissions 77 — ces etablissements perpótuaient la methode traditionnelle de 1’enseignement orał, pratique, ne comportant ni r&gles, ni mśthode.
C’est de pratique liturgique qu’il s’agit. On s’est assez peu prśoc-cupd jusqu’a ce jour du role didactique important que la thdologie liturgique orientale joue pour les participants, laics ou ecclśsiastiques.
5* Art. 7 de l’acte, publii par C. Sathas, BŁoyp(xętx6v o^eStaoiza 7rept 'Iepepiiou B’ (Esąuisse bibliographiąue sur Jćrćmie II), Athenes, 1870, pp. 82 — 92; cf. G. Chassiotis, op. ci/., p. 27.
77 Eutychios Nesiotes, La pedagogie chreiienne de Giegoire de Mołdawie, dans « Echos d’Orient •, 9 (1906), pp. 99 — 108.