7 SUR LES DEBUTS DE L’1MPRIMER1E EN LANGUE ROUMAINE 247
Sibiu : «Ex yoluntate dominorum dati sunt Magistro Philippo pictori pro impressione Catechismi Valachici (le soulignement nous appartient — L.D.) bibalia fl. 2.»24 II s’agit de toute ćvidence, d’un trinkgeld (pour-boire) ou bibalia que Philippus Pictor a reęu pour avoir imprimś le « Ca-tśchisme roumain », reprćsentant non pas la rśtribution de son travail, mais une gratification supplćmentaire, tout comme le fabricant de papier Hans Frlie de Braęov reęut une prime de 2 florins, lorsqu’au prin-temps de Pannće 1546 il livra au magistrat de la ville de Sibiu le premier stock de papier confeetionnó par ses soins. Soulignons que la source ne laisse aucun doute sur la naturę du service prestć par Philippus Pictor.
Les registres de la municipalitś de Sibiu concernant les eomptes cou-rants de la ville et ceux a caractere consulaire sont fort clairs dans la tota-litś des cas, et prćcisent rigoureusement les services pour lesquels telle ou telle somme ćtait attribuće. Ceux qui avaient en charge les paiements śtaient obligśs de prćsenter au magistrat un compte-rendu exaet selon les exigences comptables. Parmi les 52 annotations connues actuellement concernant Philippus Pictor ou Philippus Maler il n’y en a aucune qui ne comporte Pindication du service rendu, justifiant la rócompense ou la gratification accordśe. On ne saurait donc retenir Phypothese d‘apres laquelle le texte du «Catćchisme roumain » aurait śtć emportś a Tir-govi§te pour le faire imprimer par D. Liubavici, car dans pareille eren-tualitś on en aurait trouvć une mention dans la source, tout comme pour les autres occasions, lorsque Philippus Pictor avait ćtś enyoyć en Valachie pour diffśrentes raisons. Ainsi, le 16 mai 1537 on consignait que Philippus Pictor se rendait auprós du hospodar de Valachie, porteur d’une coupe en valeur de 31 florins28 offerte en prćsent au prince. S’il arriyait que Philippus Pictor hśberge&t quelque dślćguś venu de Valachie, le fait ćtait ćgalement enregistrś. Une conclusion certaine et unique res-sort ainsi de cette source: elle ćtablit sans ćquivoque que c’est Phdippus Pictor qui a editć le «Catóchisme roumain»; il disposait donc de carac-teres cyrilliques et connaissait le mćtier dMmprimeur. I/information cueillie dans les eomptes consulaires de la ville de Sibiu est pleinement eonfirmće par la lettre d’Adalbert Wurmloch, chef de la paroisse de Bis-tri^a, adressće a son ami Johann Hessus, pasteur a Breslau : «(...) Est hic quaedam gens, non solum moribus et lingua, sed et religione a nobis diversa, quam Walachos nominamus. Qui tametsi Christum fa-
24 Archives de 1’Etat de Sibiu, Comptes consulaires n° 56, f. 21v . L^nnotatioa a ćtć reproduite dans de nombreux ouvrages dont nous mentionnons : N. Iorga, Documente prioitoare la istoria romdnilor culesc de E. Hurmuzaki (Documents concernant Thistoire des roumains reeueillis par E. Hurmuzaki), Bucarest, 1901, vol. X, p. 858.
25 A. Hutmann et P. Binder, Contribufii la biografia lui Filip Moldoueanul, primul tipograf roman (Contributions & la biographie de Philippe le Moldave, premier iraprimeur roumain), * LimbS $i literatura », vol. XVI, p. 150 — 153.
20 Ibidem, p. 150—151.