13 SUR LES DEBUTS DE L’IMPRIMERIE EN LANGUE ROUMAINE 253
Prenons seulement quelques exemples. En premier lieu, les fron-tispices contenant les armoiries. LTidentitś de 1’impression, dans le sens de 1’emploi des clichśs de Macaire, est, suiyant 1’opinion de P. P. Panai-tescu, exclue car les armoiries memes sont diffćrentes. Tout aussi diffś-rents apparaissent les frontispices des pages portant des indications sur la snccession des śvangiles pour chaque Dimanche, ceux marquant le commencement de l’śvangile selon Matthieu et 1’introduction de Thśo-philacte a ce meme śvangile. Point n’est besoin d’un ceil exceptionnel, mais tant soit peu habituś avec les śditions en caracteres cyrilliques pour re-marquer la diffśrence qui existe entre une rangśe de lettres majuscules dans l’ódition de Macaire et une autre, dans l’ouvrage de Philippe le Mol-dave. II ressort nettement qu’il ne peut s’agir de 1’emploi d’un meme clichó. (voir fig. 9—10). La situation est tout aussi śvidente pour ce qui con-cerne les initiales ornśes K 6, I, K, II, P et A, (voir fig. 3). Un peu moins prononcśe, mais pourtant perceptible, nous semble la diffśrence dans les initiales R, H, O, 3, P et C (voir fig. 4). Dans le « Tśtra-óvangile » de 1546 les initiales simples sont trós frśquentes, tandis que dans 1’ouyrage de Macaire on n’en rencontre guere. Le tableau comparatif de certaines lettres ordinaires est a son tour pleinement convaincant (Voir fig. 5). Tout cela nous porte a śtablir qu’il n’existe aucun ćlśment d’iden-titś entre les editions de Macaire et celles de Philippe le Moldave. Ainsi, 1’affirmation d’aprós laquelle on aurait gardś dans la typographie de Tirgovi§te, appartenant a Liubavici, des clichśs ayant servi ^ 1’impression des śditions de Macaire, et qui auraient śtś utilisśs a nouveau pour imprimer le «Tśtraśvangile » de 1546, est sans fondement et en opposi-tion flagrante avec les rśsultats obtenus par la comparaison minutieuse des caractśristiques polygraphiques des ouyrages des deux maitres im-primeurs.
Quant aux presses de Liubavici, la diffśrence nous parait encore plus frappante. Celles-ci se distinguent par les caractśristiques polygra-phiques des śditions cyrilliques vśnitiennes, ayant passś par la phase de 1’imprimerie serbe de Gorażda, d’ou on les avait amenśes a Tirgoviijte. Pour rendre notre argumentation plus convaincante, nous reproduisons le frontispice (voir fig. 6), quelques initiales de D. Liubaviei (Voir fig. 7) ainsi qu’une page de l’« Apótre » qu’il a śditś en 1547 (Yoir fig. 8) et quel-ques lignes prises dans une page du «Tśtraćvangile» de 1546 (Voir fig. 11). Apres avoir examinś ces images reproduites en grandeur naturelle, toute autre explication semble superflue, car on se rend aisśment compte que la possibilitć que l’on ait fait imprimer le «Tśtraśvangile » de 1546 dans les presses de Liubavici doit etre rśsolument ścartće. Rappelons toutefois, en pass ant, que dans les ouyrages sortis des presses de D. Liu-bavici (tels « L’Euchologe » en 1545 et « L’Apótre » en 1547) il n’existe