Sans l’aide des cartes et la rćference cons-tante a ces cartes, sans le souci de toujours localiser et delimiter les phenomenes, la geographie regionale risque de devenir « abstraite », « irreelle ». II ne suffit pas de connaitre Pexistence de montagnes, de fleuves, de forets et de terres cultivćes. Les uns et les autres doivent etre localises, delimites et situes les uns par rapport aux autres.
En effet, tout en considerant la localisation d’un phenomene, le geographe doit porter son attention sur les rapports qui existent entre les phenomenes differents, presents dans un meme espace. Une foret, une riviere, un village se trouvent necessairement en relation avec d’autres faits geographiques qui coexistent en un meme lieu (une cer-taine quantite de pluie, des prairies, des pentes, une ville...).
Cette coexistence peut n’etre que coinci-dence : la pluie, la fertilite des sols, les yillages n’ont aucune relation causale avec la presence d’un gisement de fer ou de cuivre. Mais les relations causales, d’inter-dependance, apparaissent dans les condi-tions d’exploitation de ce gisement : ancien-nete ou non de sa misę en valeur, facilite ou difficulte de Pextraction du minerai, de son transport et de sa transformation sur place, recrutement de la main-d'ceuvre. Une fois exploite, ce gisement minier pro-voque, a son tour, des transformations de 1’espace dans lequel il se trouve : develop-pement d’industries, d’un habitat prenant la formę de cites mini^res, attraction de la main-d^uyre agricole, transformation des cultures, deboisement, construction de routes et de voies ferrees, yariation de la densite de population.
D’une faęon generale, les phenomenes etudies en geographie presentent toujours, a des degres divers, des relations les uns avec les autres : relation entre les faits naturels (climats-sol, climats-yegetation, rclief-sol, relief-climats), relations entre les faits hu-mains et economiques, relations entre les faits naturels et les faits humains. C’est, au demeurant, cette troisieme categorie de relations qui doit etre presentee avec le plus de developpement et le plus de soin par le professeur de geographie. Car c’cst seulement dans les classes de geographie que les elóves apprendront k connaitre, dans le temps et dans 1’espace, les relations entre les milieux naturels et les types de civili-sations, a faire la part des facteurs naturels et des facteurs humains dans les paysages, a en mesurer les influences reciproques.
L’enseignement de la geographie doit pre-senter des situations concretes, ne jamais extraire les groupements humains, les acti-vites economiques, de leurs milieux de vie reels mais, au contraire, toujours les rein-Iroduire dans leur « enyironnement »i.
Les el6ves doivent etre familiarises progres-sivement avec deux notions importantes :
■ La notion de la complezite et de la sou-plesse des relations entre les milieuz naturels et les groupes humains.
II n’y a pas de relations entre la Naturę et 1’Homme avec des majuscules, mais entre des milieux naturels extremement divers et des hommes dont les besoins, les techniques, les conceptions sont egale-ment tres varies ; ces relations sont donc tr£s differentes, chronologiquement et spa-tialement.
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