192 R.A.C.F. 32. 1993.
1979; BARBIEUX 1992; BONIN et VANGELE 1989; CHASTEL et al. 1988; FEMOLANT 1989; GUADAGNIN 1983 ; REVILLION et al. 1986; VICHERD 1984 ; cf. notre chro-nique li, 1985, notę 16). Ainsi est donc nee une nouvelle hypothese selon laquelle il n’y aurait pas d’une part des habitats pre-romains dans les vallees, puis une “colonisation” systematique des plateaux par les Gallo-Romains, mais bien une difference culturelle, synchrone (ou en partie): des indigenes d’origine gau-loise exploitant les terres basses et humides, de moin-dre qualite, et des nouveaux venus, Romains ou Gallo-Romains, mettant en valeur les riches plateaux cerea-liers: “nous aurions tendance a penser que certaines grandes villae implantees sur les terres les plus riches ont ete edifiees sur des terres non occupees” (AGACHE 1978: 370).
— Quatrieme modele: Depuis, les recherches se sont poursuivies, tant en Picardie qułailleurs.
Les fouilles de plus en plus nombreuses, et en grandes aires ouvertes, de certaines de ces “ fermes indigenes ” ont montre tres souvent qu’outre leur occupation presque systematique au Haut-Empire, elles pou-vaient assez couramment comporter une part plus ou moins importante de constructions “en dur”, contemporaines des systemes de fosses et enclos et d’autres batiments de bois et terre (en Picardie, Roye: bayard et collart 1991: Fig. p. 13; ou Trin-quies: bayard 1993: Fig. 4,7...). D’ailleurs, R. Agache avait montre, par les scules donnees de prospection aerienne, certains de ces sites mixtes (agache 1978: 168*178; I979a: 48), comme celui de PEtoile (Somme : 1978: Fig. 4). Des exemples sont aujourd’hui connus ailleurs (par exemple en Allemagne : Munchen-Den-ning: CZYSZ 1974 ; au Bedburg-Garsdorf: PIEPERS 1959; cf. FERDIERE 1988: 62-68, 194-196, 204-208).
Inversement, la systematisation des fouilles de grandę surface sur des villae reputees “ en dur ” reve-lait de nombreux cas d'association avec des systemes fossoyes.
Des lors, ou placer la limite entre la “ferme indi-gene ”, comportant une part de construction “ en dur”, et la v/Yla “en dur”, en partie constituee de batiments de bois et inscrite dans des systemes d’enclos?
Si Pon prend les exemples des fermes mises au jour par des fouilles tres exhaustives et intensives conduites dans les exploitations du lignite de la region de Hambach, pres de Cologne (gaitzsch 1986), ceci est particulierement frappant.
Selon toute vraisemblance, en fonction des condi-tions de prospection aerienne (culture, meteorologie, datę...), de tels sites seraient apparus soit comme de petites villae en dur, seules les structures en pierre apparaissant alors, soit comme des “fermes indigenes” a enclos, seules les structures fossoyees et en creux etant alors visibles.
II est bien connu que (cf. agache 1975: 669-672; 1978: chap. i et p. 367), sur les plateaux picards, les structures construites en pierre sont mieux visibles que les fosses, grace notamment aux fondations de craies apparaissant en survols hivemaux, et qu’a Pinverse, les terres lourdes, herbageres, argileuses des vallees sont plus favorables a la detection en photographie aerienne des systemes fossoyes.
En outre, enfin, les villae dont les fouilles revelent une occupation anterieure a la Conquete, ou du moins precoce, ne sont pas rares (FERDIERE 1988: 62-66, 204-208).
L’explication finale nłest-elle pas la? Soit qu’il existe toutes les etapes intermediaires entre la “ ferme indigene ” tout en bois et terre et la villa tout en pierre, soit plutót que la grandę majorite des fermes ou exploitations agricoles qui parsement nos campagnes — et specifiquement celles de Picardie — sont de type mixte, integrant a la fois des constructions “en dur” et en materiaux legers, et des systemes d’enclos et fosses.
Cłest donc bien a un probleme d’acquisition des donnees que Pon a affaire. Seule la prise en compte partielle de cet aspect des choses avait permis dłavan-cer des hypotheses aujourd’hui battues en brćche.
68. Densitć de Poccupation du sol. - Voila un sujet que j’ai deja plusieurs fois aborde (par exemple chro-nique II, notę 12 ; V, notę 50, et ci-dessus, notę 64). Un recent ouvrage fait le point sur les acquis depuis une dizaine d’annees et la parution d’un premier volume (La prospection... 1984), sur les recherches realisees en Haute-Bretagne sur Poccupation du sol antique (LANGOUET 1991). Je ne souhaite, a Poccasion de la presente notę, qu’evoquer un point particulier, celui de la densite de Poccupation du sol, et des “biais” qu’inferent les techniques d’acquisition de donnees, et leur traitement, aux chifTres avances par les archeologues en la matiere.
Un premier exemple est donnę par un calcul sim-ple, celui du nombre de sites gallo-romains (“a tegu-lae”) decouverts par rapport a la surface prospectee, sur les communes de Bourg-des-Comptes et Poligne (p. 41-42), soit 25 sites pour 825 ha, cłest-a-dire 1 site pour 33 ha (ou encore 3 sites au kmJ): les bases de calcul etant les memes, ces chiffres sont tres compa-rables a ceux fournis par nos experiences de Lion-en-Beauce (1 site pour 29 ha) ou de PAutoroute A.71 (3 ou 6 sites au km2...).