198 R.A.C.F. 32, 1993.
La premiere est due a Parcheologue luxembour-geois Michel Polfer (1991), qui, moins que les techni-ques d’attelage, examine la typologie des vehicules terrestres de l’epoque romaine, du point de vue de leurs qualites techniques ; la seconde a Marie-Claude Amouretti (1991). II est vrai que les “idees reęues” depuis Lefebvre des Noettes necessitaient un serieux reexamen...
Enfin, un colloque sur le “Transport attele entre Seine et Rhin, de l’Antiquite au Moyen-Age” s’est te-nu a Bruxelles (T et 2 oct. 1993), organise par le Centrę d’Histoire des Technologies Rurale de 1’U.L.B.
79. La place des ateliers cćramiąues. - Tai deja aborde cette question (chronique V, notę 57, et ci-dessus, notę 63). Certes, il ne s'agit pas d’un aspect strictement rural, mais qui touche notamment aux relations ville-campagne. La question est de savoir ou se situe Tessentiel de la production ceramique (poterie et terres cuites architecturales): a-t-on afTaire a des ateliers essentiellement urbains (ou plu-tót peri-urbains) ? A des ateliers a Tinterieur des v/7-lae, des domaines ? Ou encore groupes dans des agglomerations secondaires, specialisees ou non ?
Le probleme n’est pas anodin, en ce qui conceme la place de ces differentes strates d’habitat, dans Por-ganisation socio-economique de la Gaule : il depasse largement le cas de la seule ceramique, qui nłest qu’un cas ou les constatations sont facilitees par la naturę du materiau.
J’ai deja constate (FERDIERE 1975; 1988, II; 195-197) que les ateliers lies a des sites d'exploitation agrico-les, villae ou autres, sont particulierement rares. Quelques exemples sont certes connus (loc. c/7.), mais constituent plutót des cas particuliers: fours tardifs, production de terres cuites architecturales (voire erreur d’identification sur la naturę du four). 11 s'agit pratiquement toujours d’un four isole, et non d’un veritable atelier, destine a une production de masse.
La fabrication des terres cuites architecturales (ici d’ailleurs comme en ville) doit a mon avis etre traitee a part: en eflfet, cette production peut etre cir-constancielle, etablie a Foccasion d’un chantier de construction ; en outre, les produits, plus pondereux, sont plus malaises a diffuser au loin : la localisation de ce type de four ou d’atelier sur des villae, plus cou-ramment observee, suit donc une certaine logique.
Bień sur, rien n’interdit de penser que les ateliers ruraux, parfois tres developpes, que Ton reconnait aujourd’hui de plus en plus couramment (Beuvrai-gnes: BEN redjeb 1989 ; La Boissiere-Ecole : dufay 1993) dependent de domaines, sont situes a 1’interieur de leurs terres, simplement a 1’ecart de la villa elle-meme, pour de simples raisons de securite. Mais rien ne permet non plus de TafTirmer. Et meme ce que Fon croit savoir du statut des potiers oeuvrant sur de tels ateliers ne nous incline pas vers cette hypothese.
Parallelement, les recherches recentes tendent a montrer que les productions de masse en milieu reel-lement urbain (capitales de civitates...)y contraire-ment a Tidee reęue, sont plutót exceptionnelles (cf. en Grande-Bretagne : CLEARY 1987 ; pour la France, recemment, voir les Annuaires... 1985 a 1991): les fours et les ateliers sont rares non seulement dans les villes memes, mais dans leurs faubourgs. Certes, on pourrait penser que ces derniers ont ete, moins que les centres urbains, Toccasion de decouvertes de ce type, pour des raisons simples d’acquisition des don-nees. Mais le developpement dans la derniere decen-nie de Tarcheologie preventive en milieu urbain, y compris dans ces secteurs peripheriques, est tel que ce risque ne semble pas devoir etre surestime. Tout ce que Ton peut constater, c’est que presque toutes les villes fournissent des fours isoles, semblant plus correspondre a la satisfaction de modestes besoins locaux qu’a une production de masse destinee a l’ex-portation (voir par exemple pour Orleans, Bourges, Tours, in: FERDIERE 1975). Certes, quelques villes se distinguent, mais il s’agit bien d’exceptions et non de la regle : on pourra citer Chartres, pour notre region (SELLES 1993).
Bien au contraire, ce qui semble se dessiner de plus en plus nettement, au fur et a mesure que les recherches progressent (cf. recemment: Les agglome-rations... 1992), est le role essentiel en la matiere du reseau intermediaire des agglomerations secondaires (quelle que soit leur importance, hierarchiquement au-dessous des capitales de civitates): voir par exem-ple recemment, Beaumont-sur-Oise (vermeersch et jobic 1993), ou, pour notre region, Pouille-Thesee (Fouilles... 1982) et Crouzilles “ Mougon ” (SCHWEITZ et ai. 1986): il s’agit meme dans ccs cas de veritables agglomerations specialisees. Mais, dans tous les cas, la presence de fours isoles ou d’ateliers developpes est apparemment plus courante dans ces agglomerations que dans les villes principales. A cóte se deve-loppent egalement des officines importantes isolees, rurales (ci-dessus).
Cette preeminence des agglomerations secondaires sur les villes pour Fartisanat ceramique (comme d’ailleurs sans doute pour d’autres artisanats, moins facilement reperables) doit etre soulignee, car elle prend dans une certaine mesure le contre-pied de