190 R.A.C.F. 32. 1993.
Et ces proprietes couvrant des regions entieres peuvent etre surtout consacrees a Pelevage extensif, a d’immenses patures...
Enfin, Pexistence de tres grandes proprietes, de tres vastes domaines (Columelle...), n’induit pas au-tomatiquement celle de tres grandes exploitations: on sait, par exemple avec les proprietes de Pline le Jeune, qu’un seul domaine foncier, appartenant a un seul proprietaire, peut se composer - et se compose sans doute souvent - de plusieurs exploitations, soit jointives soit separees, dans des terroirs differents. On touche ici une realite (celle de la propriete au sol) ou Parcheologie reste malheureusement quasi muette...
De meme que la surface de Pexploitation n’est pas egale a la surface du territoire divisee par le nombre dłcxploitations (ci-dessous), de meme unitć d’exploi-tation n’est pas synonyme de domaine.
Mais ceci fait partie des questions les plus complexes qui soient posees aux archeologues et his-toriens etudiant Poccupation du sol et le paysage rural. II faut se resoudre a admettre que Ton n’aura jamais que des reponses tres partielles et discutables a celles-ci...
65. Droit de rśponse III. — Ici aussi, c’est moi qui revendique Pusage de ce droit. Mais dans des cir-constances plus ameres, Pauteur concerne n’etant malheureusement plus la pour repondrc a mes argu-ments et debattre avec moi de la question... D’autant qu’en Poccurrence la critique exprimee par Pauteur a mon egard etait, dans une large mesure, justifiee!
II s’agit d’un recent article (1991) de F. Jacques (t 1992), qui constitue une necessaire misę au point (notamment a partir des textes) sur la question des conciliabula.
L’auteur (p. 58) constate que dans mon ouvrage de vulgarisation (ferdiere 1988,1:257 et 259) j^ai un peu rapidement donnę le terme de conciliabulum comme synonyme de complexe cultuel.
Dont acte: je reconnais bien volontiers qu’il s’agit-la d’une simplification abusive. Et le fait qu’il s’agisse d’un ouvrage de semi-vulgarisation n’excuse pas ce glissement.
II ne s’agissait pour moi — a tort - que d’une faci-litć de langage, ce genre de mot, aujourd’hui connu d’une bonne partie de la communaute des archeologues, etant peręu de la plupart et permettant d’eviter de longues periphrases...
C’est en effet a la suitę de G.-Ch. Picard (des 1970 ; cf. bibliographie in: JACQUES 1971 : 65, notę 1; et voir plus recemment picard 1983) que Phabitude a ete prise d’utiliser ce terme pour designer en Gaule des sanctuaires ruraux, des ensembles cultuels, comportant notamment tempie, theatre et thermes, qui auraient ete des centres civiques et seraient appa-remment destines a rassembler, a Poccasion de fetes, les populations rurales environnantes: elements donc aussi de romanisation des campagnes...
Mais Panalyse des textes antiques que menait avec competence et erudition F. Jacques confirme Pim-pression, deja plusieurs fois exprimee, selon laquelle le terme de conciliabulum ne peut s’appliquer a cette realite: les quelques textes en question, qui d’ail-leurs ne concernent pratiquement pas la Gaule, ne permettent en aucun cas de considerer que le terme puisse s’appliquer a un tel caractere de ces ensembles cultuels.
D’une maniere generale, il est toujours extreme-ment delicat de plaquer un terme latin sur une realite archeologique: je Pai denonce pour les aedifi-cia, les villae, les vici; cela a ete fait pour les oppida ; je n’ai cede qu’a la facilite en le faisant pour conciliabula...
66. Un dossier... et un manifeste; une nouvelle association. — Le n° 42 (hiver 1990/91) des Nouvelles de l‘Archeologie consacre un dossier au monde rural romain, reuni par J. Andreau et moi-meme.
Le fait est suffisamment remarquable pour qu’on le souligne ici, les ćtudes ruralistes pour PAntiquite n’etant pas en generał la “ tasse de the " des archeologues et historiens classiques.
Apres une presentation synthetique de J. Andreau (p. 5-8), viennent trois bilans concernant de vastes aires geographiques: PItalie (L. Fentress, p. 9-14, 2 Fig.), la Grande-Bretagne (G. Barker et A. Grant, p. 15-30, 11 Fig.) la partie occidentale des Bouches-du-Rhóne (Ph. Leveau, p. 31-37).
Linsisterai ici sur Papport de la contribution bri-tannique a ce dossier, qui fait le point, de maniere assez deve!oppee et a jour des plus recentes recher-ches, sur les acquis de Parcheologie rurale et agraire en Grande-Bretagne pour la periode romaine.
Mais je souhaite peut-etre surtout attirer Patten-tion sur la derniere contribution de ce dossier, ou, avec G. Chouquer, J.-L. Fiches et P. Van Ossel, nous avons voulu defendre et illustrer Pidee d’une “re-lance ” de Parcheologie de la Gaule rurale (p. 39-44).
Souhaitons que ce manifeste ne reste pas lettre morte et soit Petincelle qui fasse surgir sur le territoire metropolitain de belles et bonnes recherches, prospections, fouilles (publiees!), sur les sujets qui nous preoccupent.