Actualitć dc 1’Archeologic. 193
Le second exemple est plus complexe: pour le Pagus Aleti (region d’Alet) (p. 81 sq.\ qui couvre 15 000 ha mais dont la prospection a ete moins inten-sive, 94 sites ont ete decouverts (soit 1 site pour pres de 160 ha), mais si Ton rćduit cela a la Surface Agri-cole Utile (SAU), on aboutit a 1 site pour 80 a 120 ha ; enfin, si Pon raisonne sur les inter-distances, dont la moyenne est de 735 m, on arrive a un chifTre de Por-dre de 1 site pour environ 50 ha... Les difTerences sont frappantes.
C’est dire avec quelle prudence de tels chifTres doivent etre manipules, et qu’en tout cas ils ne peu-vent etre compares, d’une region a Pautre, que si les methodes de terrain et les bases de calcul sont simi-laires.
69. Les donnćes de prospection sur sol nu. — II est
aujourd’hui a la modę, notamment dans la sphere de Parcheologie preventive, de remettre en cause Peffi-cacitć des prospections a vue sur sol nu, labourć (field survęy) (sur les prospections: ferdiere et zadora-RiO 1986; cf. chroniques: I, notę 5; II, notę 12; III, notę 21; IV, notę 32...).
Si nul n’a jamais pretendu que cette methode constituait une panacee, susceptible de fournir tous les sites existant, et dispensant d'appliquer parallele-ment d’autres techniques, il me paraitrait premature aujourd’hui de “jeter le bebe avec Peau du bain”.
Une misę au point sur la valeur des informations recueillies de cette maniere, notamment sur la data-tion des sites concernes, est donc sans doute utile.
Tout depend en fait de Petat d’erosion du site par les labours et autres travaux agricoles. Dans nos contrees, les labours sont couramment pratiques a environ 30 cm de profondeur. Les difTerences d’ero-sion ne peuvent ici qu’etre dues a un changement notable de niveau du sol depuis la periode concer-nee (ici Pepoque gallo-romaine): un minimum de connaissances des conditions geomorphologiques de la region etudiee doit, dans pratiquement tous les cas, permettre de ponderer les resultats de ces prospections (Fig. 1).
— Dans le cas A, le site est en terrain piat (plateau, etc.: Beauce, Santerre, etc.); il est evident que (sauf conditions exceptionnelles) le niveau du sol antique doit globalement etre situe au meme niveau qu’au-jourd’hui. En effet, en milieu rural, Paccumulation de sediment anthropique (depót archeologique) est faible et pratiquement nulle, contrairement au cas de depóts urbains, les developpements successifs s’etendant en surface, sans trop se superposer. Ceci signifie donc qu’il “ manque ” 30 cm de couches archeologiques,
Fig. 1 : Schóma de situation de sites arch6ologiques face & l’śro-sion ou au colluvionnement. Lógende: 1 = substrat; 2 = dópóts de pente/colluvions/alluvions; 3 = ópaisseur du labour (terre arabie); A. B, C, D: ditfórentes situations de sites (dessin A.F.).
sols et structures antiques. II n’y a donc pas lieu de s’etonner - comme on le voit encore parfois au-jourd’hui - que ces sites, decouverts par d’abondants epandages de mobilier en surface, soient dans un etat d’erosion avance: seules subsistent les structures en creux dont la profondeur depasse 30 cm environ (fos-ses, trous de poteaux, fosses diverses, fondations, caves...); c’est dire evidemment que les sols d’oc-cupation “ a niveau ” (et non enterres, comme les sols de caves ou bases dłhypocaustes) ont totalement dis-paru. Et il en est de meme des eventuelles structures les plus superficielles: amćnagements de surface, sablićres basses sans solins profonds, trous de pieux peu profonds...; ce constat devrait d’ailleurs etre plus systematiquement pris en compte dans Pinterpreta-tion des plans.
Cet etat de fait a, en contrepartie, pour avantage de permettre des decapages en aire ouverte de grandę surface, permettant la misę en evidence des structures en creux, sans risque de destruction. Toutefois, il serait ccrtainement judicieux, dans ces cas, de recol-ter de maniere plus systematique le mobilier w hors stratigraphie ” contenu dans les 30 cm de couche arabie, seuls susceptibles de fournir ce qui reste de Poc-cupation du site, et donc de permettre une interpreta-tion fonctionnelle et chronologique.
En effet, le second “ avantage ” de cet etat d’ero-sion, systematique de toutes nos plaines de grandę culture, est bien, precisćment, que le mobilier de surface est represeniatif de 1'ensemble de la duree de l’oc-cupation du site. L’ensemble des artefacts rejetes au niveau du sol antique (a Pexception bien sur des rejets enfouis), depuis le debut de Poccupation jus-qu’a Pabandon du site, se retrouve de maniere “ sta-tistiquement representative M dans cette couche arabie et donc en surface.