332 SAINTK-ASNK DAUAAY
souffrance ou dans la peine tournait d‘instinct les yeux vers elle.
A la diffdrcnce de certains cultes locaux, ou la croyance populaire attribue & chaque saint vdndrd dans le pays une sorte de spdcialitd pour tel ou tel secours, sainte Annę dtait invoqude comme la bien-faitrice universelle h qui toutes les ddtresses pouvaient recourir. A voir toutes les souffrances qui de tous les points de la province sadressent k sainte Annę, on croirait voir ^pparaltre une immense « Cour des mi-racles », oCi se seraient donnd rendez-vous toutes les formes de la misdre humainc ; et, d'autre part, h dcou-ter les cris de la reconnaissance qui s'dldvent dc par-tout, il semble qu’on assiste k une scdne dvangdlique: les aveugles voient, les muets parlent, les sourds entendent, les para!ytiques marchent, les .malades gudrissent, les incendics s’arrdtent, les demons fuient, les tempdtes s'apaisent, les captifs voient tomber leurs chalnes, 1'innocence est justifide, des enfants viennent dgayer les foyer* solitaires, les pains se multiplient, les morts ressuscitcnt (1).
Et l’on comprend que le PdreMathias, devantce spec-taclc dmouvant, exprime son enthousiasme en dcri-vant que le sanctuaire de Sainte-Anne d'Auray « est la plus miraculeuse chapelle possible de 1’Europe » (2).
Ce n’est pas seulement dans le voisinage ot le pays
(1) Voir • Sainte Annę et les gent de mer », — « Sainte Annę et let tnfanlt ». Les t300 faveurs. figurant aux proc*s-verbaux da XVIl«sićc!e, nc rcntrent pas tous dans celte ćnuraćralion. Mais les cas que nous signalons sont les plus remarquables et les plus frćquents.
(2) D aprćs Tritberae, II arrive parfois que • sainte Annę obtient pour ses fidAles ce quc la sainte Vierge elle-mćme n'a pas accordć. » De mime que Notre-Seigneur laisse k sa mero la joie dc rćpandre certaines grAces, de młme la sainte Vierge s'efTace aussi devant sa propre raćre, pour nous donner une occasion de recourir ś elle, et dc constater que « tous lej trćsors du ciel sont en ses raains. » Et du reste ni Marie ni JAsus n'ont rien k refuser k sainte Annę:
Anna, abs te ntąueant mortalia pectora fruitra
Potcere - guodgue volet. Neta Deutgue toltnl. (Beisselius).
d’Auray qu'on invoque sainte Annę ; on vient k elle de tous les diocćses k la ronde (1). Et,en quelque region loin-taine qu'ils aient ćte jetćs au hasard de leurs voyages, c’est d’elle que les Bretons se souviennent toujours.
2. — Rien de plus spontane que le cri. qui jaillit de leur coeur au moment du danger : le nom de sainte Annę leur vient sur les lfevresen móme temps que celui de Dieu (2). Cette invocation, qui rćv£le une confiance sans limite, ne se rćduit pas du reste & une simple
(1) Nous arons fait le relevć des miraclcs daprćs les anciens diocCses et d'aprts les dćpartcments actuels.
Yannes y figurę pour 305 proc6s-verbaux, |
L'lLŁE-Er-Vilainb en compte 298 Lbs C6tes-du-Nord — 270 | |||
St-Malo |
225 - |
LkMoruihan |
— |
259 |
St-Bhikuc |
134 - |
Le Finistkre |
— |
161 |
OfiureR |
121 — |
La Loire-1nf£rieure |
— |
93 |
Hen.nrs |
116 — |
La Manche |
— |
33 |
Nantes |
99 - |
La VkndEk |
— |
20 |
Thćguikh |
86 - |
Le Maine-et-Loire |
— |
8 |
L£on Dol |
55 -28 — |
La Charente-Ink. |
— |
6 |
Nous ne mentionnons dans ces deux tableaux ni tous les dio-c*ses nł tous les dćpartements oiJ l’on a binćficii du patronagc de sainte Annę. Et ^i les chiflres.de l*un it de l*autre tableau ne con-cordent pas. c'est qu’il nous a Hi impossible, par suitę des lacunes des procts-rerbaux d'identitier toutes les localitćs.
Une autre rcmarquc 4 faire, c’est qu’il nous manquo un grand nombre dc proces-verbaux. Plusieurs registres ont Ct£ perdus, quelques-uns d4s le XVII* siicle. Qn a ćgarć en outre les dossiers de la plupart des cnqu4tes. L"un des plus importants, celui relatif & la gućrison de Talhoucl, a 4tć heureusement retrouv* aux ar-chives de la Sćnichaussće d'Ilcnnebont.
Ce qui nous a permis de faire des relevćs aussi vari«łs et aussi complcts dans les procCs-verbaux, — c’est la table que M. Joachim Le Bras a dressće avec tant de conscience et une ćrudition si sńre, et qui permet de reconnaltre du premier coup d'aeil le caractCre de la faveur accordee. et la paroisse de la personnc qui en a bć-
n«6d«.
(2) • Le nom de sainte Annę se trouve naturellement sur les l£vres de nos campagnards, parce qu’il vit dans leur cocur. Elle est comme de la familie. Au moment du danger, dans la douieur, dans rinquićtudc, ils se tournent instinctirement vers elle, dc mćmc que 1'enfant qui pleure cherche la consolation dans les bras de sa mCre. >• (Wax Nicol).