LES MIRACLES DE SAINT YINCENT .
ET LES MIRACLES DE SAINTE ANNĘ
Le diocćse de Vannes possćde deux recueils de documents, que les historiens pourront avantageusement conaulter pour ae renseigner sur les habitudes religieuses de notrc pays.
Ce sont les proces-verbaux des miracles de saintc Annę et ceux des miracles de saint Vincent Ferrier.
Les premiers. en double copie manuscrite, sc trouvent aux archives du Pćlerlnage ; les autres ont ćtć ćditćs en i904 par le P. Fages.
1. Ceque nousyrelevonsd abord.ee sont certaines ressem-blances trćs curieuses k noter dans les circonstances du mi-racle. A deux sićcles d'intervalle, au XV* et au XVII*, on y constate la mćme confiance dans 1’intercession des saints, la mćme manićre de les invoqucr, les mćmes usages dans la faęon de les remercier.
Ainsi 1'attitude : pour exprimer le voeu,on se met & genoux; et quand il sbgit des marins, on fait la chalnc, quelqucfois mćme on se confesse les uns aux autres ; on confie 1’oflfrande aux mains les plus innocentes (1).
Ainsi la promesse : on s'engagc k venir visiter la chapellede « Madame sainte Annę » ou le tombeau de • Małtre Vin-cent, » au plus tót, nu pieds, en chemise... (2).
(!) Diiit sociis... ut ponerent sc ad genua, et vovercnt Magtstro Vin-ccntio. promittendo, quam cłto posaent, devote visitare aepulchruoa luum (Edition du P. Fages, p. lit).
Tcstis cum uno Jurene, quem ad hunam indusit ut innocentiorem, se vovtt M. V. (Ibid. p. 115).
(2) Unanimiter, fle*ia genibus et manibus junctls, seipsot devote vove-runt M. V., promittentes quod, si dictum possent evadere periculum.
Ainsi la naturę des cx-voto : ce sont des cierges, des flgu-rines reprćsentant les membres gućris (1). des bćquillcs, un bout de cAble. la croix d’agonie (2) etc.
Ainsi la manifestation de la puissance surnaturelle, qui agit avec la mćme instantanćitć (3). et quand il est nćcessaire de punir, avec la mćme sćvćritć.
Ainsi les dćpositions : cest toujours un langage simple et familier dans le rćcit des interventions dirines en leur faveur.
2 Mais 1 etude spćciale de ces proces-verbaux nous a mis & mćme de fairc unc constatation trćs importante pour l'his-toire, que la loyautć nous oblige de consigner ici.
Les apprćciations des historiens sur 1’ćtat religieux des populations bretonnes au dćbut du XVII* sićclc nous sem-blaient bien sćvćres : maintenant nous avons des raisons de croire qu'elles sont exagćrćes.
Ces chroniqueurs, pour mieux faire ressortir Timportance de la rcnaissance morale et rcligieuse, le róle des mission-naires qui en ont ćtć les promoteurs et aussi les institutions qui l'ont favorisćc, ont inconsciemment gćnćralisć certains dćsordres dont on ne peut nier la rćalitć, mais dont on ne peut dire non plus qu'ils ćtAient communs & toute la province.
Le meilłeur correctif & ces textes se trouve dans les procćs-verbaux de Sainte-Anne.
. C est 14, en effet, que l’dme populaire est prise sur le vif ;
pedibua et in tUi> camiaiia,.. ircnt uique ad valras ecclcaiw, et de val-vi» aupra genua procederent uaque ad acpulcbrum » (Ibid. p. 158).
(ł) Cf. Figarintt tn eira (p lit): Venit ad sepulchrum, et Ibi obtulit votum cereum, aimilitudinia membrorum aanntorum >. — • Promittens offcrre unum caput cereum »(p. 161), • unam tibiam ceream. • (p. 173);
« uGum votum cereum aimilitudinia infantuli ■ (p. 162) — Hem p. 175. 176,177, 183
Cierges: « Obtulit 5 denarioa et unam candelam »(p 161). Hem. p. 177, 172.
• Promittens olferre unam candelam ceream longitudinfa et latitudinia ejuadem pueri • (p. 183).
(2) Teatia diiit marito quod ąuantoclua faceret crucem ligneam et (era* trum lilia? cui jam accenaa erat candela cerea • (p. 167), Hem. p. 191. •
(3) Incontinentl poat emiaalonem votł ce»savit tempestaa ; et Judicio . teatia (qui ao cognoscit in arte navigandl), hoc non potuiaaet caae ita aubito niai miraculose et etiam qula. Ulico poat votum, marę apparult ita calmum ac ai nulla prae(uiaaet tempestaa. • {Ibid. p. 111).
Voir, dana 1'dtude aur « Ssinte dane el les gen» de mtr • de nombreuz eiemplea de cette inatantanćitć.