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Cest-du-eceur des pdres et des mdres que 1’espórance seretire le plus lontemcnt. Les parentsdlAnne deCai-ran-dtaient de vrais chrdtiens. ills avaient une foi.vive, et leur.confiance en sainte Annę n’hdsita ,pas 6 dui demander .un miracle.
De leurs <nombreux enfants, il ne restait plus que celle-ci; et ilscroyaient avoirprisles meilleurs moyens de la sauvegarder, la consacrant A sainte Annę, lui donnant son nom, lui faisant ^porter des habits blancs en son honneur. Aussi dans le nouveau malheur qui ruinait leurs espdrances, c’est encoreA elle qu'ilseurent naturellement recours.
Ils firent vceu, si.leur filie leurótait rendue, d’aller avec elle en action de grAees A Sainte-Annc d’Auray.
lin les entendant prononcer ces paroles, les nom-breux tdmoinsdela scdne regardArentinstinctivement vers le lit oA reposait le corps inapimd de 1'enfant. Soudain ils crurentla voir faiblement remuer. On s’ap-procha; ce n’dtait pas une illusion. Les mouvements devinront .plus apparents. La vie dtait revenue. L’en-fant se mit A papier. Et les heureux parents comprirent que leur priAre avait etd immddiatement exaucde.
Lei26juillet de l'annde suivante, M. et M"*de CaTran firent le pAIerinage de Sainte-Anne avec la miraculde; et c.e fut l’heureux pAre lui-mdme qui raconta devant plus de cent tdmoins la faveur dont sa filie avait dtd 1’objet.
Les pćoheurs se convertissent. — Un iwogno peut-il se convertir ?
iL’expdrience dit non ; et le proverbe est du móme avis : Qui A bu boira !
L’ivrogne invdtdrdest devenu l’esclave de sa passion ; il sentile besoin irrdsistible de satisfaire les exigences que 1’habitude de boire a credes dans son organisme.
Sa conversion n'est donc pas un fait banał; quand
elle s’opAre tout d!un coup et radicalement, par l’in-flUence de 1& grAće, on peut la mettre hardimcnt au rang des miracles*
Dans une gućrison miraculeuse le molade n’a qu’A se laisser faire ; Dieu peut lui rendre la santć snns qu’il Tait demand^e personnellement. Mais un pćcheur, sur* tout un homme vieietix, ne peut Atre giłćri’sens son consentement1 formeh
Le fait que nous racontons ici*s’est |>asse vers 1864.
Une bretonne avait ApousA A Paris un employe du Chemin de fer de 1’Ouest. Son mari, subissont' l’in-fluence de certains camarades, abandonna peu k pe.u ses pratiques religieuses. A partir de ce moment il n'y eut plus de tranquillit£ pour la pauvre femme ; son existence devint intolArable ; ce fut une vie d’enfer. Et cela dura une douzaine d'annAes.
Pour ramaner son mari, elle avait ApuisA tous les moyens de persuasion ; et se voyant de moins en moins Acoutćo, de plus en plus maltraitAe, elle sentit qu'elle n’avait plus de recours possible que du cótA du ciel. Aussi multiplia-t-elle les rosaires, les neuvaincs et'les messes. Mais la priAre semblait aussi impuissante que les moyens humains: I'ivrogna s’enfonęait de plus en plus dans son vice.
La malheureuse se rappela alórs qu’en qualitć de bretonne elle Atait 1’enfant de sainte Annę ; et que la Sainte accorde des grAees A ceux qui vont la prier dans son sanctuaire. Aussitót1 elle prit une rćsolution’ hA* roique : « De Paris A Sainte-Anne d'Auray il y a loin-, se dit-elle ; eh ! bien, pourobtenir A force desoufTrances la convcrsion de mon mari, je ferai le voyage A pied. » Et, sans rien dire A son mari, lui laissant croire sim-plement qu elle se rendait dans sa familie au pays de Rennes, elle part.
Le vayage fut long: il fut pAnible surtout ; quand elle arriva A Sainte-Anne, elle pouvait A peine mar-cher, et ses pieds ćtaient on sang.