BIBLIOGRAPHIE 655
de critiques diverses de la part d’un certain nombre d’auteurs, notamment de ceux qui defendent une conception revisee de la doctrine de 1’espace dissuasif. Les partisans de cette troisieme generation de theorie et recherche sur 1’espace dissuasif ont mis 1’accent sur ce qu’ils appellent le « territoire humain » c’est-a-dire la prise en compte, en plus de l’environnement physique, du contexte socio-culturel des reseaux sociaux.
Cette dimension socio-culturelle n’a pas toujours fait 1’objet d’une reelle prise en consideration de la part des amenageurs car, si durant les operations de rehabilitation du quartier Armstrong ils ont cherche, avec plus ou moins de succes, a associer les residents a travers les commissions de concertation, ce dispositif n’a pas reussi a creer une dynamique sociale dans le quartier. Une fois la rehabilitation terminee, on ne peut pas dire que les residents se soient vraiment approprie les nouveaux espaces mis a leur disposition malgre les tentatives de Poflice HLM cPinsufller une certaine vie sociale en maintenant sur le site une animatrice et en apportant son aide a des projets associatifs visant a developper une vie de quartier. Cette politique a connu un certain succes durant plusieurs mois mais ce dispositif d’accompagnement n’a pas ete pour-suivi et cela n’a pas permis le developpement de ces relations primaires qui favorisent un certain contróle social informel, comme celles de voisinage, qui sont difllciles a etablir lorsque les reseaux sociaux sont en continuel etat de renouvellement. Dans le meme sens Pheterogeneite des populations ne facilite pas la communication et ne favorise pas, en raison de Pabsence de valeurs communes, la resolution des problemes communs qui peuvent se poser a Pensemble des residents.
Dans ce type de situation, en Pabsence de modes de regulation inteme, les seules formes de reaction par rapport aux problemes qui peuvent survenir quotidiennement sont une attitude « d’evitement » c’est-a-dire le refus de la confrontation et ceci pour de multiples raisons : la lassitude face a la repetition des evenements, la peur de re-presailles... Une autre attitude consiste a faire appel a des instances, comme la police ou encore les gardiens des organismes de logement social ce qui amene ces orga-nismes a jouer un role de regulation qui depasse dans de nombreux cas les domaines d’intervention impartis a ces organismes.
L’auteur a accorde une attention particuliere a Panalyse d’experiences de mediation car cette crise des mecanismes traditionnels de reglement a favorise Pemergence de nouveaux modes de regulation plus decentralises, moins formels, et faisant appel a la participation active des citoyens. Ces differentes initiatives n’ont pas pour objet de repondre a des dysfonctionnements de Pappareil judiciaire et de la police, mais plutót de rechercher une meilleure integration sociale, de chercher a reduire les tensions so-ciales, de creer des solidarites a travers une plus grandę participation des citoyens dans la resolution des conflits, et de contribuer ainsi a reduire le sentiment d’insecurite.
Ce sont ces experiences de mediation de quartier qui ont ete etudiees, en insistant plus particulierement sur la mediation comme modę de socialisation. En effet si la mediation apparait comme une technique adaptee pour la regulation des conflits du quotidien, elle participe aussi a la revitalisation de Pesprit communautaire. C’est sur-tout aux Etats-Unis. que Pon a vu fleurir ces projets de mediation visant a consacrer cette vision communautaire du reglement comme moyen pour contribuer a la preven-tion des problemes d’insecurite dans les grandes villes. C’est dans cette perspective de creer de nouveaux lieux de regulation que se situent les projets de mediation de YUrban Court Program de Dorchester et de la Boutique de Droit et de Themis. La misę en oeuvre de ces projets reposent sur Pidee que la diversite et la complexite de la vie sociale encouragent le developpement de modes decentralises de reglement des litiges, notamment dans le cadre d’entites sociales restreintes. En effet, la recherche d’un nouveau consensus a partir de regles negocićes permet, dans de nombreux cas, la reconstitution, notamment dans les grands ensembles urbains, d’un tissu social dechire. Dans ces grands ensembles, ou la pression communautaire de jadis ne joue plus, les procedures de negociation ou de mediation permettent d’associer les parties
Rev. science crim. (3), juill.-sept. 1990