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qu'un seul vrai peuple autochtone : le peuple berbere est 1'heritier legitime du passe nord-africain, tandis que
Les habitants de 1'Algerie se divisent en deux races distinctes, la race arabe et la race kabyle. L'une et 1'autre suivent le culte mahometan; mais leur origine et leur langue, en forment deux grandes divisions distinctes [...]• II n’existe point de document historique qui nous permette d'apprecier les transformations de la societe arabe, avant d’etre arrive a son etat actuel. [...] Une partie de la population arabe s'est fixee dans les villes. Ces musulmans, auxquels nous donnons le nom de Maures, sont compris sous la denomi-nation generique de Hadar.383
La misę en valeur du peuple berbere (dans le roman de Randau) comme unique race ancestraie habitant 1'Algerie sous la domination colo-niale, n'est qu'une semi-verite que refute l'ouvrage scientifique de Daumas qui indique qu'outre la race kabyle il y avait la race arabe. La description de la bibliotheque de Cassard dont les origines, rappelons-le, sont aussi berberes, et qui sert dans Les Colons de porte-parole a l'ecrivain, se distin-gue specialement par sa fonction instructive car sa bibliotheque devait servir d'exemple a 1'elite intellectuelle d'Algerie; d'ailleurs le titre du chapitre ou Ton trouve cette description est deja emblćmatique : Une nou-velle litterature murie a 1'ardent soleil du Sahel. La bibliotheque de Cassard est imposante car on y trouve aussi bien des dictionnaires arabes que
comprimes entre les classiques de 1'Islam edites a Paris, en Allemagne, au Caire, au Maroc, des manuscrits relies en cuir rouge cisele [qui] contiennent les poesies de chevaleresques aedes et des formules magiques. La aussi s'a!longent en files les gravelures et les touchantes idylles des Mille et Une Nuit. [...] Cassard se recreait aussi aux milliers d'anecdotes disparates du Mostatref et des pesants recueils compiles par des gćnerations d'erudits, mosai'ques d'episodes edifiants ou joyeux qu'aima tout notre Moyen Age studieux. Les vagues d'un style plus ampoule que limpide deferlaient sur l'ame musulmane, y accrochaient des algues bizarres [...]; il faisait bon rever dans les villes de 1’lslam [...] en feuilletant quelque tome des Prairies d'or de Maęoudi.3*4
Vrai erudit, Cassard possede une importante collection des auteurs orientaux, «des philosophes en bumous» deliberant sur des questions theo-logiques concemant le prophetisme ou la fatalite, ainsi qu'«une ćtagere consacree aux kabbalistes juifs qui commenterent le Zohar, livre de la
341 E. Daumas, Moeurs et coutumes Je 1'Algerie, ed. Sindbad, 1988, pp. 29-30. 344 R. Randau, Les Colons, op. cit., pp. 48-49.