Philodeme (II p. 71 et 77 dans Sudliaus) decrit une discus-sion qu,un stoicien dont il ne dit pas le nom, mene sur ce sujet avec le peripateticien Critolaiis. Celui-ci eroit qu’on ne saurait etre bon orateur sans avoir de connaissances sur la techniąue de l’eloquence (avev paSfrjaewę p. 71, xwPlC tow óioayuaron’ p. 77) et il nomme Nestor, Odysseus et Adraste pour etayor sa these. Le deuxieme siecle ap. J. C., auquel remonte Factivite litteraire de Critolaiis, est-il la limite ultimę au-dela de laąuelle nous ne pouvons plus poursuivre nos recherches sur cette ąuestion? De Pavis de 1’auteur il nous est possible de remonter jusqu’au cynique Antisthene qui engagea les premiers stoiciens a faire des recherches sur la rhetonque.
Cette o pin i on est surtout basee sur un passage du Phedre de Platon (p. 261, C. D.). Socrate demande a Phedre, s’il sait que pendant les loisirs que leur laissaient les combats, Nestor et Odysseus s’occupaiont d’etablir les regles de la rhetorique dont on se sert dans les debats politiques, dans les tribunaux et dans 1'assemblee du peuple, tandis que Palamede fixait les principes de reloquence, appliques aux affaires entre particuliers. Au cours de la convorsation on compare Nestor a Gorgias, Odysseus a Trasi-maque de Chalcedoine et a Theodore de Byzance, enfin on eta-blit une comparaison entre Palamede et Zenon d’Elee qui avait invente la dialectiąue. Toute cette discussion serait aussi ridicule qu,incomprehensible, si nous nadmettions pas ąuelle visait non sans malice une person ne qui voulait apercevoir dans Nestor et Odysseus des orateurs au courant des regles de la rhetorique. La pointę de la polemiąue ne pouvait etre dirigee que contrę Au-tisthene, lequel s’interessait a. la techniąne de l’eloquence (irepl A€^ewq ij 7T€pi xapaKTf}po)v) en qualite de disciple de Gorgias et avait consacre une serie d*etudes a rexegese d’Homere. Platon tourne visiblement en ridicule Palamede considere comme »ora-teur« et se moque de ceux qui voulaient voir dans Nestor et Odysseus, les heros de Tópopee, des gens au courant des regles de 1’arfc oratoiro.
Critolaiis nomme ces heros dans Fecrit de Philodeme et, quoi-qu’ils aieut ignore les principes de Fart, il les considere avec Adraste de Sicyone comme de parfaits orateurs. Homere men-tionne iricidemment Adraste et dit qu’il etait le beau-pere de Tydee (II. 14, 121) et. possedait un rapide coursier portant le nom