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LA VERTU ET LE PRĆCEPTE
exemple sur ce champ, cette maison1 2. Mais qui dit propriete personnelle dit, pour autant, exclusion des autres; pour qu'un tel acte ne fasse de tort a personne, est requis de toute necessite le consentement des autres ho mm es, une entente qui legitime l’ex-clusivite de cette possession propre. Voila precisement les deux elements qui constituent le droit des gens: d’une part une donnee premiere de la raison naturelle, de 1’autre une acceptation spon-tanee. Le premier de ces elements rapproche le droit des gens du droit naturel au sens strict, le second du droit positif *. Mais pour saint Thomas le constituant principal demeure a ses yeux la naturę raisonnable de 1’homme, 1’acte specifiquement humain qui adapte la possession privee a une fin; et c’est pourquoi ii affirmera de la propriete: ex iure humano procederńem. S’il dit express€ment: communitas rerum attribuitur iuri naturali... quia se-cundum ius naturale non est distinctio possessionum, sed magis secundum humanum condictum, quod pertinet ad ius positiDum (q. 66, 2, ad 1), c’est qu’il veut tenir compte aussi du second
Nous presentons ici la propriete privee comme moyen, alors que saint Thomas (q. 57, 3), la presente comme un effet: (( aliąuid quod ex ipso stąuitur. Ce n’est nullement trahir sa pensee, car chez lui la fin joue le r6łe de prin-cipe, de cause par rapport aux moyens; ce que nous montre bien I’ad 2 ou la servitude est dite utile pour celui qui a un maitre plus sagę que lui et qui peut 1’aider; ou plus precisement l’ad 3um de la question 95 (1* 2ae) ou la distinctio possessionum et servitus non sunt induciae a natura, sed per ho-minum rationem ad utilitatem citae humanae. Ce que resume bien le Cardinal Tolet en ces quelques mots: « quod natura dictat ex finis alicuius supposi-
tione necessarium)) (in 2a 2“, q. 57, a. 3).
On peut donc a juste titre 1’appeler un droit mixte, comme le font des sociologues eminents, v. g. le P. Vermeersch, S. J., Principts de morale so-ciale, p. 124 (Paris, Action Populaire, 1921).
Est-il besoin de remarquer que ce droit des gens est tout different du droit intemational public, que nous designons aujourd’hui par ce m£me terme?