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de la qualite d'une societć par sa capacite a s'en integrer d'autres, a soumet-tre en absorbant [...], la civilisation est un effet de la race.»24 D'apres Gobineau les races sont non seulement differentes, mais aussi hierar-chisees, selon une echeile unique. Cette hierarchie des races avec, au sommet, le monde Occidental, legitime la bipolaritć du monde : sauvage/ civilisć, arriere/cultive.
Citons aussi ces remarques de Renan pour qui
La colonisation en grand est une necessite politique tout a fait de premier ordre. Une nation qui ne colonise pas est irrevocab!ement vouee au socia-lisme [...]• La conquete d'un pays de race inferieure par une race superieure, qui s'y etablit pour le gouverner, n'a rien de choquant.25
Et Renan en donnę plusieurs exemples : 1'Angleterre en Inde, la con-quete germanique du Ve et du VIC siecle en Europę, pour passer a la justification de 1'acte colonisateur par son propos raciste : «La naturę a fait une race d'ouvriers, c'est la race chinoise [...], une race de travailleurs de la terre, c'est le nćgre; une race de maitres et de soldats, c'est la race europeenne.»26
Signalons aussi une autre voix franęaise, cette fois-ci celle d'un philo-sophe, Alfred Fouillee, qui decrit en 1901 le temperament et le caractere selon les individus, les sexes et les races. De nouveau nous avons affaire a une hićrarchisation a la Gobineau avec la race blanche au sommet de cette hierarchie «dont les qualites sont trop connues pour qu'il soit besoin de les rappeler [...], la race jaune supórieure a la race noire [...] et la race negre qui depuis son apparition n'a elevć aucun monument d'art ou de litterature, dont 1'etat de connaissance est demeure rudimentaire.»27
Des echos du discours de Gobineau y resonnent qui se prolongeront chez Georges Vacher de Lapouge [Les Selections sociales (1895), L'Ary en et son role social (1899)], ce sociologue franęais dont l'oeuvre a soutenu les theses racistes de la superioritć physique, intellectuelle et morale des Nordiques.
Les sources du racisme et des nationalismes sont l'objet du livre de Leon Poliakov Le Mythe aryen ou il nous confronte k la doctrine de 1'aryanisme constituee au XIXe siecle, mais prenant ses origines dans les ł4 T. Todorov, Nous et les autres, op. cit., p. 189.
15 E. Renan, Histoire et parole, Robert LafTont, 1984, pp. 628-629.
“ Ibid.,
11 A. Fouillće, Temperament et caractere selon les individus, les sexes et les races, Fćlix Alcan, 1901, pp. 331 et 327.