116
Notes critiąues
m&ne alors h. son ćgard une « politiąue de la terre brulće ». Une des-truction progressive, decrite d’apres les souvenirs de 1’auteur, de nombreux tćmoignages et les archives de l’Union departementale du Rhóne, se traduit par une activitó rćduite des 1978, puis inexistante, jusqu’a 1’abandon de fait du sigle en 1981. Le processus apparait exemplaire des procedćs de la Jeunesse communiste, qui vide de sa substance un organisme qu’elle juge avoir echappć h son controle, mais gardę la possibilite d’en user le cas echeant.
Saluons enfin le point de reflexion donnę par Remi Fabre sur les mouvements de jeunesse entre les deux guerres et 1’abondante biblio-graphie qui 1’accompagne, meme si la part reste congrue des mouve-ments feminins et du probleme de la mixite dans son ćtude. Les mou-vements, est-il rappelć, ne sont pas fils de la Premiere Guerre mondiale : scoutisme, Sillon, FFACE (1) presentent des les annćes qui prćcedent le conflit des traits essentiels aux mouvements de jeunesse qui se dćveIopperont ensuite. L’enquete d’Agathon temoigne de la tendance a voir la jeunesse comme la dćpositaire des vraies valeurs. D’une faęon plus gónćrale, la philosophie « vitaliste » ren-voie plutot & une vulgarisation du bergsonisme et meme a la reaction antirationaliste du XIXe siecle finissant. La misę en valeur du theme de 1’ćlitisme est, elle aussi, de Tavant 1914. Si, d’autre part, la France n’a pas eu l’initiative des mouvements de jeunesse, elle les accom-modę a ses clivages de pensee et de croyances. De la plusieurs ver-sions du scoutisme, avec une volonte de francisation culturelle : Jeanne d’Arc, les croises, Lyautey deviennent les heros des Scouts de France. Meme si la « France profonde » tćmoigne de la mćfiance a 1’egard des jeunes campeurs, les ajistes surtout, les mouvements de jeunesse sont un lieu d’apprentissage de 1’autre, du contact avec les camarades d’autres pays. Demeure la question de 1’autonomie reelle des mouvements a 1’egard des adultes. Remi Fabre ne suit pas tout a fait la vision « contestataire » d’Alinę Coutrot et du pasteur Jean Jousselin, non plus que 1’interpretation « integratrice » d’Antoine Prost, ou les anciens combattants jouent la statuę du Commandeur. Une verite s’impose : « aucun mouvement n’est une creation de jeunes », mais passe les premieres annees, l’intervention des adultes, relayćs par les jeunes que formę le mouvement, peut avoir plus de discretion. Les fondateurs ne sont en generał pas mandates par quelque hierarchie, Pepiscopat chez les catholiques est longtemps arme de preventions, ce qui invite a mediter sur sa « conversion » au scoutisme et sur le role des premiers aumóniers. La demarche est double : le jeune est separć des adultes, et en meme temps on lui pro-pose les valeurs du monde adulte. Dans le cas franęais, « la fonction
(1) Mouvement protestant communćment appelć « Fćdć ».