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L’education dans la Peninsule iberiąue
des rois eux-memes, attestent la vitalite et la diversite de 1’enseigne-ment aux VIC et VIIe sićcles. L’utilisation de rćcriture cursive, creee par l’ćveque Ulfila dans la premiere moitie du IVe siecle et connue sous le nom de « wisigothiąue » puis « mozarabe », facilita sans nul doute la diffusion de la culture ecrite enseignće d’abord dans les ecoles paroissiales et municipales ; les textes legislatifs mentionnent en effet systematiąuement rinstitution des magistń.
Les Wisigoths s’attacherent cependant tout particulierement a rćducation des ćlites k partir de Pabandon par Recarede, en 587-589, de 1’arianisme au profit de rorthodoxie religieuse. Desormais respon-sable des erreurs de son peuple, le roi devait s’entourer d’administra-teurs ecclćsiastiques et civils qui 1’aideraient k remplir sa fonction de defensor fidei. Sous 1’impulsion de grands ćveques, certaines ecoles ćpiscopales se distingu&rent entre 580 et 710 : Sćville avec Leandre (579-599) et son fr&re Isidore (599-636), Palencia avec Conance (607-638), Saragosse avec Jean (620-631), Braulio (631-651) et Taion (651-664), et surtout Tolśde avec Eugebne (646-656), Ilde-phonse (657-667), Julien (680-690) et F61ix (693-700). ParallSle-ment, des « monastóres » furent crććs, qui ćtaient probablement de simples communautćs de clercs vivant ensemble sous une regle libre-ment consentie; de grands prelats se formerent dans les ćcoles qu'administraient certains de ces monasteres, comme V Honoriacense a Seville, San Zoilo a Cordoue, Agali a Tolede, Cauliana a Merida, Santa Engracia a Saragosse, Santa Eulalia a Barcelonę, Biclare a Gerone. Les enfants du roi et des membres de Yaula regia recevaient un enseignement dans le palais lui-meme, qui disposait egalement d’une vaste bibliotheque ; de nombreux temoignages attestent la culture des rois Sisebut (612-621), Sisenand (631-636), Chisdaswinthe (642-653) et Wamba (672-680), ainsi que celle de grands nobles comme les comites Bulgarus, Braulius et Laurentius. Des indices temoignent, enfin, de Texistence d’ecoles militaires ou furent formes les magistń militum du VIe siecle et les spatarii du VIIe.
Les ecrits d’Isidore de Seville, les diverses regles monastiques et 1’anonyme Institutionum Disciplinae permettent de connaitre les dif-ferentes etapes de 1’education. L’enseignement primaire ou litteratio avait pour but « 1’etude des lettres jusqu’a parvenir a connaitre 1’accentuation des syllabes et a distinguer la valeur des mots » ; la mćthode suivie etait essentiellement orale, fondee sur un systeme de questions et de reponses, d’affrontement de theses opposees et de techniques de memorisation. L’eleve pouvait ensuite aborder 1’etude des sept arts liberaux, telle que l’avait definie vers 430 Martianus Capella, c’est-il-dire successivement les Sciences du langage - gram-maire, rhćtorique, logique - et les Sciences abstraites - arithmćtique, geometrie, astronomie et musique -; la lecture des textes, leur