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lćopard et je continuais de lui lirę les mille et une aventures de son pere.

Un soir, je revenais avenue Malakoff, les bras charges de trois grosses bobines que j’avais dero-bees dans des archives cinematographiques avec la complicite d’un employe. II s’agissait de la premiere partie d’un film, tourne en 1943, ce Loup des Malveneur auquei Dressel avait participe en y faisant de la « figuration intelligente ». Je comp-tais louer un appareil de projection et photocopier un par un les plans ou on le voyait d*assez pres pour qu’il fut reconnaissable.

Toutes les lumieres de 1’appartement etaient allumćes, mais il n^ły avait personne. Sur mon bureau Empire, un mot griffonnć a la ha te :

« Je pars vivre en Argentine. Surtout continue le livre sur papa. Je t’embrasse. Denise. » Je me suis assis devant le bureau. J’avais pose les trois bobines du film par terre, a mes pieds. J’ai 6prouve une impression de vide qui m’etait familiere depuis mon enfance, depuis que j’avais compris que les gens et les choses vous quittent ou disparaissent un jour. En me promenant a travers les pieces, cette impression s’est accentuee. Les portraits de Dressel et de sa filie n’etaient plus la. Les avait-elle emportes en Argentine? Le lit, la peau de leopard, la coiffeuse au satin bleu ciel, ils allaient passer par d’autres chambres, d^łautres villes, un debarras peut-etre et bientót plus personne ne saurait que ces objets avaient ćte reunis,

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