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dćsir individuel la signification d’aucune ocuvre d’art valable, d’aucune pensee philosophique authentique et d’aucune crćation historique en general«.⁹⁵

II aurait ćtć interessant, sans doute, de savoir ce que Goldmann n’aurait pas manque d’ecrire a propos du Flaubert de Sartre. Deja. dans un compte rendu de la critique de la Raison Dialectique, il fai-sait part de sa mefiance au sujet de 1’importance que Sartre accordait a la vie individuelle«:

»Or le probl&me n’est pas de savoir ce qu’etait Madame Bovary pour Flaubert, mais ce par quoi Madame Bovary est une oeuvre cullu-relle importante, c’est-2i-dire une realite historiąue, ce que la diffć-rencie de mille autres ecrits moyens de la meme epoque et des diva-gations de tel ou tel alienć».⁹⁶

Goldmann a precise cette conception du sujet social comme sujet individuel en opposant la pluoart du temps la socjologie dialectique et genetique de la litterature a 1’interpretation psychologique ou psvcha-nalvtique de l’oeuvre d’art et litteraire. La methode issue de Hegel, Marx et Lukacs par opposition a celle de Freud tente d’inserer l’ceuvre etudiee dans une structure plus vaste que la psvchanalvse. Cette structure n’est pas eternelle, c’est 1’aboutissement d’une genese. Pour Freud la creation est toujours rapportee a rindividu et constitue »une transposition rigoureuse et a peine modifiee sur quelques points secon-daires. des analyses du comportement individuel et de la libido indi-viduelle«.⁹⁷ Cette transposition, Goldmann, iuge toujours problema-tioue. Une oeuvre ne peut etre limitee a un individu: elle s’ouvre sur l’avenir, le passe et la mort. Aussi ne saurait-on faire de l’individu une categorie centrale de la recherche car le sujet est toujours constitue par plusieurs individus. Alors que pour la psychanalyse, c’est 1’integration du desir du suiet qui est fondamentale, pour la socioloeie He la litterature 1’intelligibilite n’a de sens que par rapport a un suiet individue1. Aussi, Goldmann s’est-il souvent efforce de degager l’au-tonomie d’un suiet culturel - groupe oopose a d’autres groupes et transformant 1’histoire dans cette opposition - en evitant toute possi-bilite de reduction dogmatique (reduction de toutes les oppositions a celle des classes ou a un sujet individuel se detachant sur un horizon social et historique). Tout groupe social tende a creer une representa-tion - ordre plus ou moins conscient de 1’ensemble social - et dans certain cas privilegie oeut devenir sujet d’une creation culturelle, lorsouMl parvient a faire de cette representation une vision du monde.

Mais ces structurations globales comme nous 1’ont montre Hegel et Marx n’ont qu’une valeur temporaire et ne sont valables que pour tels groupes sociaux determines. nlaces dans une certaine situation histo-rique. Lorsque sous le fait d’influences extćrieures le groupe se trans-forme, les categories mentales cessent d’6tre efficaces, perdent leur rationalite et doivent se transformer a leur tour. Par la, Goldmann s’oppose a tout dogmatisme qui prćtendrait maintenir dans Thistoire,

^M M. S. p. 39. " M. S. p. 257. * M. S. p. 99.

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