7 Ideologie et ćducation dans Ies livres scolaires 11
cratie antiąue, soit avec la fćodalitć ou la bourgeoisie 32. Le principe national de 1’unitć, oublić pour quelques annćes, sera retrouve dans la septieme dćcen-nie. En 1972, a 1'occasion d'une reunion avec les professeurs de Sciences sociales de 1’enseignement universitaire, Ricolae Ceausescu traęait les gran-des lignes de la recherche historique: les luttes sociales et nationales du peuple roumain, l'unitć nationale, la constitution de la nation etc 33. Ces directives se sont installees trćs vite dans les manuels, d'autant plus qu’a la fin des annees soixante-dix 1'ideologie lance la chasse aux prćcurseurs. Dans ce cadre, unitę nationale et unitć sociale ćtaient conęues comme des constantes de l'his-toire seculaire du peuple roumain. Souvent, les livres scolaires concluaient a ce sujet que «l’unitć fut le rćsultat de la lutte de siecles du peuple roumain; elle est ćternelle, comme etemel est le peuple lui-meme»34.
c. LA LUTTE POUlt LINDEPENDAACE
C’est une rćfćrence qu'on trouve dans tous les livres scolaires. Elle n'a pas subi des grandes fluctuations de contenu a cause de 1'assaut de l’ide-ologie. II faut preciser qu'elle a reęu quand-mćme, comme l'idee de l’unitć d’ailleurs, le pendant social durant les annćes 1948/89. Malgre ceci, elle donnait un contour a l'image de l'identitć nationale a travers une continuitć seculaire. Idće centrale, la lutte pour 1'independance introduisait en discus-sion la spćcificitć nationale et la comparaison avec les autres.
d. LES ROUUAINS ET LES AUTRES
D'abord, qui ćtaient les autres? Les migrateurs (avec le point nevral-gique, les Slaves), les Tartares, les Turcs, les Magyars, les Russes (et les Sović-tiques), les Grecs (notamment ceux de Phanar), etc. Prenons l’exemple des Russes: ils n'ont eu qu'une place decorative dans les manuels de l'entre-deux-guerres. Mais, dans la periode suivante, les voisins de l'Est de la Roumanie ćtaient partout: de l'antiquite jusqu'li Staline, le « p^re des peuples ». Cette prćsence est effacće dans la huitilme decennie quand pour les Slaves, les Russes ou les Sovietiques il ne restait plus rien k faire dans 1'histoire, car les Roumains avaient deja tout fait.
Les migrateurs, libćrateurs de la population daco-romaine, selon l'opi-nion des manuels des annees cinquante, ont ćte assimilćs par le peuple roumain plus civilisć qu'eux. L'image que la population daco-romaine aurait fait sur les barbares qui ont detruit 1'Empire, contribuait k la construction d'une lćgitimitć d’heros civilisateurs pour les Slaves, et, plus tard, pour les Russes. Ensuite, l'image en question, donnait substance historique a la propagandę officielle selon laquelle les Sovićtiques etaient les vrais libćrateurs de la Roumaine contemporaine.
Les Turcs et les Tartares ćtaient habituellement les ennemis de guerre des Roumains. Toujours vaincus i cause d'un grand prince, de la lutte achar-nće du peuple ou de l'intervention de la Russie, selon l'ideologie en place,
*a voir les manuels dćji citćs des annćes, 1948, 1950 83 apud. Vlad Georgescu, op. cii., p. 70
** par exemple, YHistoirt de la patrie, rćcapitulations, 1989, p. 177