38 Nadia Danova 8
A rant le dćbut de XXe siecle, ces images se reproduisent presąue invaria-blement; en fait aucun ćlćment nouveau n'est apportć concemant les peuples vivant pr&s de nous. En 1905, le ministre de l'ćducation nationale, Ivan Sismanov, qui est l'un des premiers savants ayant fait des recherches sur l'his-toire des peuples balkaniąues au plan comparatif, dćclare dans son discours devant l'Assemblee nationale: « Les Serbes, les Grecs, les Roumains, les Tchćques, les Polonais, les Slovćnes, etc., nous sont beaucoup plus ćtrangers que les Allemands ou les Franęais. L'ćcole doit mettre fin a cette ignorance condamnable par l'ćtude de 1'histoire et de la litterature au moins de nos plus proclies voisins ». Malheureusement, le conflit qui opposa les Bulgares, les Serbes et les Grecs en Macedoine, n'a gućre contribuć a mettre fin k cette « ignorance condamnable » comme l'a appelee Sismanov.
A l'enqućte sur les livres scolaires organisće par la Fondation Camegie au lendemain de la Premiśre Guerre mondiale, du cótć bulgare a pris part le grand historien bulgare Jordan Ivanov. II s'est solidarisć entierement k
l'avis que les livres scolaires devaient contribuer a la propagation des idćes de paix et de fratemitć entre les peuples. Les conditions politiques communes cependant ont farorisć la reproduction des sterćotypes nćgatifs parmi lesquels 1'image du Grec est peut-etre la plus noire. Voici ce qu'on pourrait lirę dans le manuel d'instruction civique de troisieme annće, editć en 1920: « Les Serbes sont gais, sympathiques, sentimentaux. Ils sont disposćs k chanter et k festoyer. L'hospitalite chez eux est particulierement dćveloppee. Ils aiment beaucoup leur patrie. Ils y sont tres attachćs, ils sont prśts a se sacrifier pour
elle et a supporter fermement toutes les privations et calamitćs. En idća-
• •
lisant cependant, au plus haut point tout ce qui est serbe, ils vont k l'extr£me. Ils regardent avec exageration a leur passć, prćsent et avenir. Ils ont urtsenti-ment national fortement developpe qui va jusqu'au chauvinisme: tout ce qui est serbe est bon ! »
« Le Grec est un grand hypocrite. II s'enflamme vite, devient dćcidć, mais s'ćteint vite. Jamais il ne peut lier une amitić sinc^re avec une personne d'une autre nationalite. Le Grec est fanatique. II est patriotę. S'il n'est pas fort et n'a pas de pouvoir, il recourt a la ruse, au mensonge, enfin a tout pour arriver a sa fin. Le Grec est malin. Quand il est faible, il est humble et suppli-ant, quand il est fort, il est cruel. Exemple: l'aveuglement des 15 000 sol-dats de Sam uil. Le Grec est vindicatif.»
« Le Turc n'est pas travailleur. II aime la conversation. II est fataliste et aime les honneurs. Le Turc est fanatique et dćvot. »
« Le Valaque est bon, assez portć a la boisson, il aime a festoyer et n'oublie jamais le mai qu'on lui a fait. Le Valaque est immodćrć. Le vol chez les Valaques est tr^s repandu. Celui qui est alle au cios ne remplit jamais son panier de sa propre vigne, le raisin des autres lui semble meilleur ».
Malheureusement, les ćvćnements survenus apres et la Seconde guerre mondiale n'ont guere contribuć i trouver le ton juste dans la prćsentation de «1'autre » et maintenant des efforts beaucoup plus grands seront nćces-