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orthodoxe, ils sont relatrvement toleres a la fois par les Chinois et par les missionnaires. Aux yeux de leurs compatriotes, ils sont de grands savants confucianistes; aux yeux des missionnaires, ils sont de « bons chretiens ».
Le deuxieme groupe se compose de convertis qui se detachent des coutumes ancestrales, comme c’est le cas des « bons chretiens » amerindiens. La familie de Su Nu en est un exemple. Cette familie desobeit a I’empereur Yongzheng, dont les grands mandarins avaient exhorte ie douzieme fils de cette familie, le prince Joseph, a abandonner la nouvelle religion en promettant: « Quittez cette loi [...] Tempereur oubliera vos fautes, et vous retablira dans vos charges ». Le prince reaffirme alors son adhesion inconditionnelle au christianisme, repondant que « la religion qu’il suivait, etait la seule veritable, et qu’il aimait mieux mourir que d’y renoncer », et donc qu*« il ne pouvait pas changer »50. Un autre grand mandarin converti, chef de police a Pekin, Ma Joseph, refuse aussi d’obeir a Tempereur Qianlong, fils de Yongzheng, qui lui ordonne d*abandonner le christianisme31. Cette insoumission enfreint le principe confiicianiste du zhong (fidelite et obeissance des sujets au souverain). Le meme mandarin ne rend pas non plus hommage aux ancetres, dont il enleve chez lui les tablettes pour les remplacer par des images chretiennes52. Ce refiis constitue aussi une grave faute contrę la normę confiicianiste du xiao (piete filiale). Comme ce groupe de convertis s’ecartent des coutumes ancestrales, ils subissent souvent des sanctions rigoureuses de la part de Tautorite. Ainsi, Su Nu et ses fils convertis sont exiles de la capitale ou mis en prison33; le mandarin Ma est arrete, battu de sobcante coups de bastonnade puis envoye comme esclave a Yili, dans l'extreme ouest de 1’empire (dans le
50 Uttre de PARRENIN du 24 aout 1726, dans VISSIERE. op. cit.% 1979, p. 292.
51 Lettre du pere Michel BENOIST du 26 aout 1770. dans VISSIERE, op. cif., 1979, p. 483-499.
52 Ibid. p. 491-192.
53 Lettre du pere PARRENIN du 20 juillet 1725 et du 24 aout 1726, dans VISSIERE, Lettres edifiantes et curieuses (...]. 1979, p. 273-300. Un autre factcur curait entraine la condamnation de la familie de SU Nu. Selon des documents chinois, SU Nu et ses fils auraient pris pan a des activitćs defavorables a la succession du nouvel empereur Yongzheng. Rappclons tri le cas du pćre Joao MOURAO, jesuite portugais, qui a etć tuć par ce meme empereur (CHEN Yuan, Chen Yuan Shixue lunzhu xuan% Recueil d owrages historiąues de Chen Yuan, Shanghai. Rcnmin chubanshe, 1981, p. 308 ; PFISTER. Sotices biographiąues1932-1934. n° 248, p. 560-561)